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Gestion de la douleur

L’IRM permettrait de prédire ce qu’une personne dira sous hypnose

Par Charlotte Arce

L'activité des zones du cerveau qui contrôlent les réflexes de gestes ou de paroles s'exprimant durant une séance d'hypnose est repérable grâce à l’imagerie par résonance magnétique. Une découverte importante pour la compréhension des mécanismes de gestion de la douleur.

vchal/iStock

Et si, pour savoir si une personne est réceptive à l’hypnose, il suffisant d'observer l'activité de son cerveau grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ?

Alors que de nombreuses études cliniques ont démontré l’intérêt de l’hypnose pour soulager les douleurs et l’anxiété liées à la maladie ou à la chirurgie, de nouveaux travaux dirigés par le professeur Pierre Rainville, du département de stomatologie de la faculté de médecine dentaire de l’université de Montréal (UdeM), mettent en lumière l’incroyable pouvoir de cette technique sur le cerveau humain.

Selon cette nouvelle étude, les zones du cerveau où ont lieu l’activité liée à l’hypnose seraient bien visibles sur l’IRM : cette dernière mettrait en effet en lumière ce que les chercheurs appellent le “sentiment d’automaticité”, c’est-à-dire les réponses involontaires et automatiques du corps, guidé par une autre personne que soi.

L'activité du cerveau modifiée

Grâce à l’IRM, “il est possible de prédire, en quelque sorte, qu’une personne sous hypnose ressentira ce sentiment d’automaticité en observant les régions du cerveau engagées dans la production et la perception de ses propres mouvements”, expliquent les auteurs de l’étude dans un communiqué.

Mais quel est l’intérêt pour les scientifiques de repérer ces zones cérébrales liées au sentiment d’automaticité ? Pour Pierre Rainville, cela permettrait “de mieux comprendre la réponse des patients aux séances d’hypnose effectuées dans un contexte clinique.”

Afin de savoir si l’hypnose augmente ou non le sentiment d’automaticité et, si oui, quelles régions du cerveau en sont responsables, les chercheurs ont recruté 26 personnes en bonne santé, âgées de 19 à 45 ans, qui ont passé un examen d’IRM. Des images de l’activité du cerveau ont été obtenues avant et après qu’on a suggéré aux participants de se détendre et de se concentrer sur la voix qu’ils entendaient, et l’on a observé comment leur expérience pouvait être modifiée dans cet état.

L’expérience subjective d’automaticité a été mesurée sur une échelle de 1 à 10 à cinq occasions pendant toute la séance d’hypnose. Au cours de celle-ci, les chercheurs ont surveillé l’activité des régions frontale et pariétale du cerveau des participants.

Mieux comprendre l’effet de l’hypnose en contexte clinique

“L’IRM nous a permis de constater qu’une région en jeu dans l’effet hypnotique est l’opercule pariétal”, situé en arrière du lobe frontal, au-dessus des lobes temporal et occipital, explique Pierre Rainville. “L’activité de cette région est proportionnelle au sentiment d’automaticité rapporté par les participants. L’activité de l'opercule se coordonne avec celle des réseaux du lobe frontal et nous permet de prédire ce qu’ils diront !”, affirme le chercheur.

Pour lui et son équipe, cette découverte est importante car elle vise à mieux comprendre les mécanismes de contrôle de la douleur et le rôle qu’y joue l’hypnose. “Nos résultats peuvent contribuer à une meilleure compréhension des effets de l’hypnose sur la réponse aux suggestions dans les contextes expérimentaux et cliniques.”