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Dépression : la luminothérapie aussi efficace que les médicaments

Par Floriane Valdayron

Si la luminothérapie est utilisée pour traiter la dépression saisonnière, son efficacité pourrait la placer en traitement de première ligne face à la dépression “classique”. C'est ce que révèle une étude menée par des chercheurs français.

Puhhha/iStock

Confronté au passage à l'heure d'hiver, au raccourcissement des journées et au manque de lumière naturelle, un Français sur dix serait concerné par la dépression saisonnière, qui s'installe à chaque fin d'automne avant de disparaître au printemps.

Perte d’énergie et d'intérêt pour ses activités, manque de concentration, difficulté à prendre des décisions, stress important, troubles du sommeil et de l'humeur, baisse de la libido, tristesse, repli sur soi et isolement, dévalorisation, idées noires… Les symptômes de la dépression saisonnière peuvent être comparables à ceux de la dépression “classique” – alors que, pour rappel, le blues hivernal est plus léger puisqu'il se manifeste par une perte de tonus, une envie de sucré, et des changements d’humeur. 

Derrière la dépression saisonnière, une baisse de sérotonine et une hausse de mélatonine

Causée par un dérèglement de l'horloge interne en raison d'une augmentation anormale de la mélatonine – l'hormone du sommeil – en journée, ainsi que par une diminution de la production de la sérotonine – l'hormone du bien-être – la dépression saisonnière se traite depuis plusieurs années par la luminothérapie.

Le principe : s'exposer à une lampe diffusant une lumière de forte intensité – 10 000 lux, quand celle d'une pièce artificiellement éclairée est de 200 à 300 lux, tandis que la lumière naturelle d'une journée de beau temps est de 100 000 lux – pendant une demi-heure, tous les jours durant au moins deux semaines.

Une méta-analyse pour comparer l'efficacité de la luminothérapie avec celle des antidépresseurs

Ce traitement, qui a l'avantage de ne pas présenter d'effets secondaires, au contraire des antidépresseurs, a fait l'objet d'une étude menée par Pierre Alexis Geoffroy, psychiatre et médecin du sommeil au sein du département de psychiatrie et addictologie des hôpitaux Bichat et Beaujon, à Paris, en collaboration avec des collègues du CHU de Strasbourg.

En réalisant une méta-analyse – parue le 18 septembre dernier dans la revue Sleep Medicine Reviews – l'équipe avait pour but d'examiner des essais qui comparaient l'efficacité de la luminothérapie avec celle des antidépresseurs, ainsi que celle de leur combinaison.

“Les antidépresseurs restent de loin le traitement de première ligne3

“Bien que la luminothérapie ait été reconnue comme étant efficace dans le traitement de la dépression saisonnière et ‘classique’, elle est sous-utilisée dans les milieux cliniques, tandis que les antidépresseurs restent de loin le traitement de première ligne”, assurent les chercheurs pour expliquer leur démarche.

Un manque d'exploitation qui ne devrait pourtant pas avoir lieu d'être. “Aucune différence n'a été observée entre la luminothérapie et les antidépresseurs, avec une nette supériorité de la combinaison de ces deux traitements, peut-on lire dans l'extrait de l'étude. En conséquent, la luminothérapie seule - ainsi que la combinaison - peut être proposée comme traitement de première ligne dans la dépression saisonnière, comme ‘classique’”.

Quel appareil acheter ?

Vigilance cependant : il faut se limiter à l'achat des appareils classés “dispositif médical”, ce que l'on peut vérifier avec les quatre chiffres figurant derrière la mention “CE”. Aussi, même s'il n'est pas nécessaire de fixer la lampe, la luminothérapie est vivement déconseillée aux personnes atteintes d'une maladie de l'œil, à l'instar du glaucome, de la rétinopathie ou encore de la DMLA.