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Espoir

Patients non sensibles : une nouvelle piste de réadaptation

Par Raphaëlle de Tappie

Pour la première fois, en Grande-Bretagne, des chercheurs vont essayer la stimulation cérébrale non invasive en même temps que les techniques avancées d’imagerie cérébrale chez des patients qui ont une conscience minimale ou se trouvent dans un état végétatif.

Wavebreakmedia/iStcok

Ces dernières années, avec l’affaire Vincent Lambert, on a beaucoup entendu parler d’“état végétatif”. Celui-ci peut se succéder à un coma et se prolonger pendant des mois, voire des années. Des études récentes ont montré que 20% des patients non sensibles suite à des lésions cérébrales conservaient un niveau de conscience beaucoup plus élevé que ce à quoi on pourrait s’attendre au vu de leur diagnostic clinique. Malheureusement, ils demeurent incapables de démontrer leur conscience, coincés dans leur corps paralysé.

Aujourd’hui, pour la première fois, la stimulation cérébrale non invasive va être essayée en même temps que les techniques avancées d’imagerie cérébrale chez des patients qui ont une conscience minimale ou se trouvent dans un état végétatif. L’objectif étant d’identifier et de traiter les connexions endommagées dans le cerveau et, à terme, d’offrir à ces malades un meilleur taux de rééducation. L'étude, intitulée RAINDROP, a été annoncée lors de la conférence Prolonged Disorders of Consciousness:de la découverte scientifique à la pratique clinique qui a eu lieu à Londres, en Angleterre, jeudi 17 octobre.

Il y a peu de temps, une étude réalisée au Centre for Human Brain Health de l’Université de Birmingham (Royaume-Uni) a suggéré que la stimulation cérébrale non invasive pouvait améliorer le succès de la réadaptation chez les patients non sensibles. Forts de ces résultats, des chercheurs s’apprêtent désormais à utiliser des technologies avancées d’imagerie cérébrales pour suivre les effets de la stimulation non invasive du cerveau chez cinq patients de la Prolonged Disorders of Consciousness Unit (PDoCU) de l'Hôpital Wellington (Royaume-Uni).  

Améliorer les connexions cérébrales  

Pendant le traitement, les chercheurs placeront des électrodes sur la tête du patient pour faire passer de faibles niveaux de courant continu dans une région responsable du contrôle moteur dans le cerveau et vers le thalamus, une zone qui relaie les signaux moteurs et contrôle la conscience. Pendant la stimulation, les scientifiques utiliseront l’imagerie cérébrale multimodale pour voir ce qui passe au niveau des fonctions cérébrales.

“Les différentes régions de notre cerveau ont besoin d'avoir de bonnes connexions entre elles afin de pouvoir accomplir différentes fonctions. En trouvant les bons moyens de stimuler ce réseau, nous pouvons améliorer ces connexions, aider le cerveau à compenser les voies endommagées et améliorer la capacité de réponse du patient”, explique Dr Davinia Fernández-Espejo qui dirige cette étude. “Nous avons déjà pu montrer que ces techniques ont du potentiel chez des sujets sains. Cette prochaine étape importante nous permettra de tester leurs effets chez les patients”, poursuit-il.

“Avec RAINDROP, nous espérons mieux comprendre comment la stimulation de certaines régions du cerveau par des techniques non invasives peut conduire à des améliorations dans la réadaptation des patients. Cela nous ouvrira la voie à la recherche en neurosciences appliquées à la réadaptation neurologique à l'hôpital Wellington”, renchérit le Dr Antonio Incisa, neuropsychologue clinique principal et chercheur principal à l'unité des troubles prolongés de la conscience de l'Hôpital Wellington.

Dans l’espoir d’une meilleure réadaptation

Et Eric Reichle, le directeur général de l’hôpital de conclure : “Au Wellington Hospital, nous nous sentons incroyablement privilégiés d'être impliqués dans un programme de recherche aussi important. L'amélioration des résultats pour les patients est très importante dans tout ce que nous faisons, c'est pourquoi nous avons de grands espoirs quant à la façon dont les résultats peuvent façonner les soins et améliorer la réadaptation des patients.”

Si l’étude réussit, elle servira de base à un vaste essai clinique qui recrutera des patients dans plusieurs centres spécialisés à travers la Grande-Bretagne où la proportion de patients dans un état végétatif serait de quatorze pour un million.  

En France, en l’absence de registre national, on ignore le nombre précis d’individus concernés. L’état végétatif diffère toutefois légèrement de celui de conscience minimale. Si les patients alternent tous entre phases d’éveil et de sommeil, (contrairement au coma), dans le second cas, certains signes de conscience sont là tels que la poursuite visuelle, des sourires ou des pleurs en situation appropriée. Chez les personnes en état végétatif chronique en revanche, comme l’était Vincent Lambert, les seuls mouvements observés sont réflexes. Aucune communication ou réponse aux stimulations n’est actuellement possible.