ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Education : mentir à ses enfants les rendrait plus manipulateurs

Impact à long terme

Education : mentir à ses enfants les rendrait plus manipulateurs

Par Raphaëlle de Tappie

Les enfants à qui les parents ont fréquemment menti au cours de l'enfance auraient tendance à adopter des comportements plus manipulateurs à l'âge adulte. 

luckyraccoon/iStock

C’est bien connu, les enfants ont tendance à reproduire ce que les erreurs de leurs parents. Et quand un parent ment à sa progéniture, que ce soit par dépit, omission ou "pour son bien", cette dernière aura tendance à se montrer plus manipulatrice en grandissant. Tel est le résultat d’une étude parue fin septembre dans The Journal of Experimental Child Psychology

Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs de l'Université nationale de Singapour, en collaboration avec les universités de Toronto (Canada), de San Diego (États-Unis) et du Zhejiang (Chine), ont suivi 379 jeunes adultes âgés en moyenne de 21 ans à qui ils ont fourni quatre questionnaires à remplir.

"Envisager des alternatives au mensonge"

Par l’intermédiaire du premier, les participants étaient amenés à indiquer la fréquence à laquelle ils estimaient que leurs parents leur mentaient lorsqu'ils étaient enfants en leur disant des choses telles que "Si tu ne viens pas avec moi maintenant, je te laisserai ici tout seul", ou encore "Je n'ai pas pris mon portefeuille sur moi, nous reviendrons un autre jour". Le deuxième questionnaire était consacré aux mensonges des participants, proférés à leurs parents. Enfin, les deux derniers concernaient leur attitude en société et leur proportion à se comporter de façon égoïste et impulsive.

Les chercheurs ont ainsi pu constater que les adultes dont les parents semblaient mentir fréquemment avaient plus tendance à avoir un comportement intrusif, voire manipulateur. "L'affirmation de l'autorité sur les enfants est une forme d'intrusion psychologique qui peut miner le sentiment d'autonomie des enfants et entraîner leur rejet, ce qui finit par saper leur bien-être émotionnel. Les parents devraient être conscients de ces implications potentielles et envisager des alternatives au mensonge", suggère Peipei Setoh, professeure assistante à l'École des sciences sociales de l'université nationale de Singapour (NTU) et auteure principale de l'étude.

Tous les mensonges n’ont pas le même impact

"Il est possible qu'un mensonge pour affirmer le pouvoir des parents, tel que "Si vous ne vous comportez pas bien, nous vous jetterons dans l'océan pour nourrir les poissons", soit davantage lié aux difficultés d'adaptation des enfants à l'âge adulte, comparativement aux mensonges qui visent la conformité des enfants, par exemple " Il n'y a plus de bonbons dans la maison"", poursuit-elle.

Ces recherches présentent toutefois quelques limites. En effet, les réponses ont été obtenues à partir d’auto-évaluation basées sur des souvenirs lointains. Pour aller plus loin, il serait intéressant de faire participer les parents dans de futures recherches, indiquent donc les chercheurs. Le but étant de distinguer les mensonges "inoffensifs", tel que celui sur les bonbons, de ceux qui pourraient avoir eu des conséquences négatives sur le bien-être psychologique des enfants, comme la menace d’être jeté à la mer par exemple.

Il est régulièrement démontré que l’éducation d’un enfant a un impact important sur son développement social mais également sa santé. Cet été, une étude menée par l’Université de Loma aux Etats-Unis a prouvé qu’une éducation "froide" accélérait le vieillissement cellulaire des enfants. Dans leurs travaux menés sur 200 participants, les chercheurs ont constaté que les fragments de chromosomes composant l’ADN humain étaient plus courts chez les personnes dont les parents avaient été distants au cours de l'enfance. Or, "lorsque les télomères raccourcissent, le risque d’être atteint d’une maladie augmente, comme le décès prématuré", notaient les auteurs de l’étude.