ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Mort subite du nourrisson : un test sanguin pourra bientôt détecter les bébés à risque

Eviter les drames

Mort subite du nourrisson : un test sanguin pourra bientôt détecter les bébés à risque

Par Charlotte Arce

Selon une nouvelle étude de médecins du CHRU de Strasbourg, l’hyperactivité vagale et les malaises répétés pourraient être les signes avant-coureurs de la mort subite du nourrisson. Cette découverte ouvre la voie à un futur test de dépistage.

encrier/iStock

Source d’angoisse pour tous les jeunes parents, la mort subite du nourrisson (MSN) est la mort inattendue d’un nourrisson apparemment en bonne santé durant son sommeil. Première cause de mortalité infantile post-néonatale dans les pays à revenus élevés en moyenne elle touche moins de 500 nouveaux nés en France chaque année.

Si de nombreux facteurs de risque, tels que la position sur le ventre, l'emmaillotage ou le tabagisme sont désormais mieux connus des parents et des professionnels de la petite enfance, certains restaient encore jusqu’à présents inconnus.

Une nouvelle étude menée par des médecins du CHRU de Strasbourg et publiée mi-juillet par la Public Library of Science (PLOS) montre que les nourrissons ayant une hyperactivité vagale et faisant des malaises répétés encourent un risque accru de mort subite du nourrisson. Cette découverte pourrait selon eux ouvrir la voie au dépistage d’une partie "non négligeable" des bébés à risque.

Cibler les enfants faisant des malaises à répétition

"C'est la première étude qui apporte une preuve biologique, aussi bien chez des adultes que chez des enfants qui font des malaises à répétition, qu'il y a chez certains une hyperactivité vagale et qu'on pourra leur proposer des traitements", explique le Dr Charlie De Melo, réanimateur-pédiatre et co-auteur de l’étude, interrogé par l’AFP.

Suite à de premiers essais menés sur des lapins, les chercheurs ont effectué des prélèvements sur des adultes et des enfants sujets aux malaises vagaux. Ils ont ensuite comparé ces résultats avec ceux de sujets en bonne santé.

Ils ont découvert que les sujets faisant fréquemment des syncopes présentaient une surexposition de récepteurs muscariniques, une enzyme censée réguler ces récepteurs. "Il y a des récepteurs localisés au niveau cardiaque et parfois, le mécanisme qui contrebalance le système de stress (l'accélération de la fréquence cardiaque, l'augmentation de la tension) est excessif, le cœur ralentit trop et le cerveau est moins perfusé", détaille le Dr De Melo.

Si chez un adulte, cette perte de connaissance est sans gravité, "chez certains nouveau-nés qui ont des surexpressions muscariniques pathologiques, cela peut aller jusqu'à l'arrêt cardiaque complet".

Un dépistage par simple prise de sang

Pour les médecins, ces résultats sont très encourageants car ils ouvrent la voie à un dépistage précoce des bébés à risque de mort subite. "Jusqu'à présent, on était un peu perdu devant ces malaises car on était seulement sur des signes cliniques, mais là, en faisant une prise de sang, on peut mesurer l'importance de la surexpression et comment l'enzyme agit", explique le Dr Angelo Livolsi, cardiopédiatre et co-auteur des travaux.

À terme, les chercheurs souhaiteraient mettre au point un test sanguin à effectuer sur les nourrissons âgés de 3 jours, "à large échelle, en même temps que les autres dépistages néonataux".

"L'idée serait de détecter ces patients avant qu'ils fassent des malaises graves et de les traiter pendant leur première année de vie, c'est-à-dire la période de risque maximale", dit le Dr De Melo. Un traitement est déjà prescrit au CHRU de Strasbourg : un anti-muscarinique de synthèse capable de réguler l’activité des récepteurs.

De nouvelles recherches sont encore prévues pour établir des valeurs de référence pour les nouveau-nés et les prématurés.