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Etude au long cours

Les enfants de couples lesbiens sont en aussi bonne santé que les autres

Par Raphaëlle de Tappie

D'après une étude américaine menée sur plusieurs décennies, les enfants de couples lesbiens seraient en parfaite santé psychologique. Ils auraient même un niveau de réussite scolaire supérieur à celui des enfants de parents hétérosexuels observés. 

splendens/iStock

Alors que l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples lesbiens a provoqué de nombreuses polémiques lors de la présentation du projet de loi bioéthique en Conseil des ministres la semaine dernière, une nouvelle étude risque de faire grand bruit. D’après des travaux parus dans la très sérieuse revue New England Journal of Medicine, les enfants élevés par des couples de femmes se portent aussi bien mentalement que ceux qui ont grandi dans une famille hétérosexuelle. 

Cela fait des décennies que l'Étude nationale longitudinale sur les familles lesbiennes (NLLFS) aux Etats-Unis observe l'évolution des enfants de ces dernières. "Lorsque j'ai commencé cette étude en 1986, il y avait de nombreuses spéculations sur la santé mentale future des enfants conçus par insémination par donneur et élevés par des parents de minorités sexuelles", explique la chercheuse Nanette Gartrell dans un communiqué de presse publié par le Williams Institute. 

Gartrell et ses collègues ont rencontré 154 mères lesbiennes ainsi que leurs enfants. Interrogés à l’âge de 17 ans, aucun d'entre eux n’a rapporté avoir été victime d’abus physique ou sexuel de la part d’un parent, notent les chercheurs. Ces derniers ont également pu observer qu’en plus d’être en parfaite santé psychologique, ces jeunes présentaient un niveau de réussite scolaire supérieur à celui des enfants de parents hétérosexuels observés en parallèle. "Nous suivons ces familles depuis l'insémination artificielle des mères et nous constatons aujourd'hui que leurs filles et fils, âgés de 25 ans, affichent des résultats aussi bons en matière de santé mentale que les autres adultes du même âge", s'enthousiasme ainsi Nanette Gartrell.

"Rien ne justifie la garde ou le placement des enfants"

"Ces résultats démontrent que les affirmations selon lesquelles il serait préjudiciable pour les enfants d'être élevés par des couples de même sexe sont totalement non fondées", explique Henny Bos, co-auteur de l’étude. "Rien ne justifie de limiter la garde ou le placement des enfants, ou l'accès aux technologies de reproduction, en fonction de l'orientation sexuelle des parents", poursuit-il. 

Rappelons toutefois que cette étude présente quelques manquements. En effet, les mères lesbiennes qui y ont participé sont en majorité blanches, de classe moyenne et vivant dans des grandes villes réputées pour être plus ouvertes. Quoi qu’il en soit, leurs enfants ont été "comparés avec d'autres du même âge, sexe, race et classe économique", commente le site Them, consacré à l'actualité LGBTQ.

Cette étude n’est pas la première à s’interroger sur le bien-être des enfants élevés par des couples homosexuels. En septembre 2018, des chercheurs italiens ont publié les résultats de leur enquête sur 70 hommes gays dont les enfants étaient nés de mères porteuses, 125 mères lesbiennes ayant eu des enfants grâce à des dons de sperme et 195 couples hétérosexuels ayant engendré par conception spontanée. D’après des questionnaires auxquels les parents avaient eux-mêmes répondu, les pères gays étaient plus compétents et satisfaits de leur relation de couple que les hétérosexuels. Ils ont par ailleurs déclaré de meilleurs niveaux de cohésion et de souplesse familiale que les mères lesbiennes et les parents hétérosexuels. 

En France, le débat sur l’ouverture de la PMA à toutes les femmes est encore vif 

Les résultats de cette nouvelle étude paraissent alors que les ministres Agnès Buzyn (Santé), Nicole Belloubet (Justice) et Frédérique Vidal (Enseignement supérieur et recherche) viennent de présenter leur projet de loi bioéthique en Conseil des ministres. Ce dernier prévoyant notamment l’ouverture de la PMA, jusque-là réservé aux couples hétérosexuels ne pouvant pas avoir d’enfants, aux couples de femmes et aux célibataires, plusieurs associations ont fait part de leur mécontentement mercredi 24 juillet. 

Fustigeant un texte qui amène selon elles au "développement de la marchandisation de l’humain", à la "libéralisation de la GPA (gestation pour autrui)" et au "risque de détournement de la médecine", La Manif pour tous, Alliance Vita ou encore l’association des Familles catholiques de France ont annoncé qu’elles manifesteraient le 6 octobre. Le but étant de rappeler leur opposition à ce projet de loi quelques jours après le début de son examen parlementaire à l’Assemblée nationale.