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Santé vasculaire

Alzheimer : la fibrillation auriculaire peut doubler le risque de démence

Par Charlotte Arce

Une vaste étude vient de démontrer que la fibrillation auriculaire peut augmenter jusqu’à 50% le risque de démence. La prise d’anticoagulants peut cependant réduire ce risque.

Deagreez/iStock

Se caractérisant par un rythme cardiaque irrégulier et souvent anormalement rapide, la fibrillation auriculaire peut entraîner des caillots sanguins, des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou encore une insuffisance cardiaque. Mais ce trouble du rythme cardiaque, très fréquent chez les personnes de plus de 80 ans augmente de manière significative les risques de développer la maladie d’Alzheimer ou une démence.

C’est ce que met en lumière une vaste étude menée par le Yonsei University College of Medicine de Séoul, en Corée du Sud, et dont les résultats viennent d’être publiés dans le European Heart Journal.

Selon ses auteurs, la fibrillation auriculaire augmenterait de près de 30% le risque d’Alzheimer et peut jusqu’à doubler celui de démence et ce, même chez les patients n’ayant pas fait d’accident vasculaire cérébral (AVC). En cause : une altération des vaisseaux sanguins dans le cerveau, probablement à la suite de "mini-AVC" trop petits pour présenter des symptômes extérieurs et qui, à terme, provoqueraient des lésions cérébrales.

Un risque accru de démence vasculaire et d’Alzheimer

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont recueilli de 2004 à fin 2013 les données de 262 611 personnes âgées de 60 ans ou plus et qui n’étaient pas atteintes de fibrillation auriculaire. Au cours de la période de suivi, 10 435 personnes ont été touchées par une fibrillation auriculaire. Parmi elles, 24,4 % (2 522) ont développé une démence au cours de la période de suivi. À titre de comparaison, seules 14,4% des participants sans fibrillation auriculaire ont développé une démence.

"Nous avons constaté que les personnes qui ont développé une fibrillation auriculaire présentaient un risque 50 % plus élevé de développer une démence que celles qui n'ont pas développé la maladie ; ce risque accru a persisté même après que nous ayons retiré de nos calculs les personnes ayant subi un AVC. Cela signifie que, dans la population générale, 1,4 personne de plus par 100 habitants développeraient une démence s'ils recevaient un diagnostic de fibrillation auriculaire. Le risque est survenu chez les personnes âgées de moins de 70 ans et de plus de 70 ans", explique Boyoung Joung, professeur de cardiologie et de médecine interne au Yonsei University College of Medicine.

Les chercheurs ont aussi constaté que la fibrillation auriculaire augmentait de 30 % le risque de maladie d'Alzheimer et plus que doublait le risque de démence vasculaire. Toutefois, précise le Pr Joung, "chez les personnes qui ont développé une fibrillation auriculaire et qui ont pris des anticoagulants oraux, comme la warfarine ou des anticoagulants non vitaminiques K, comme le dabigatran, le rivaroxaban, l'apixaban ou l'edoxaban, le risque de développer ultérieurement une démence a diminué de 40% par rapport aux patients qui n'ont pas pris d'anticoagulants".

Vers une meilleure prévention de la démence vasculaire

Basés sur les données issues de la cohorte des personnes âgées du Korea National Health Insurance Service, ces nouveaux travaux constituent la plus vaste étude jamais réalisée établissant un lien entre fibrillation auriculaire et démence. "Avec ces chiffres importants, nous pouvons être sûrs de nos conclusions", affirme le professeur Gregory Lip, professeur de médecine cardiovasculaire à l'Université de Liverpool, au Royaume-Uni, et professeur auxiliaire au Yonsei University College of Medicine. "Nous pensons également que nos résultats peuvent s'appliquer à d'autres populations, car ils confirment des résultats similaires d'un lien entre la fibrillation auriculaire et la démence dans des études menées dans des pays occidentaux et européens."

Pour les chercheurs, ces résultats sont importants car ils montrent que le risque d’apparition de la démence peut être réduit chez les patients atteints de fibrillation auriculaire. "Notre étude suggère que le lien étroit entre la fibrillation auriculaire et la démence pourrait être affaibli si les patients prenaient des anticoagulants oraux. Par conséquent, les médecins devraient réfléchir attentivement et être plus disposés à prescrire des anticoagulants aux patients atteints de fibrillation auriculaire pour tenter de prévenir la démence", explique le Pr Lip.