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Accidents médicaux

Affaire Mediator, démission sensible à l’Office d'indemnisation

Par la rédaction

Le président du collège d'experts chargé d'examiner les demandes d'indemnisation des victimes du Mediator démissionne. Jusqu'à présent, seulement 152 avis favorables  ont été rendus par l'Oniam sur plus de 8000 dossiers.

DURAND FLORENCE/SIPA

Claquement de portes à l’Oniam, l’organisme chargé de définir et de verser les indemnités aux victimes d’accidents médicaux ! Le magistrat Roger Beauvois a démissionné. Cet homme était à un poste sensible. Il présidait le collège des experts chargés d'examiner les demandes d'indemnisation des victimes du Mediator (benfluorex, Servier). Jusqu’à présent, seulement 152 avis favorables à l'indemnisation ont été rendus par l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam) sur près de 8000 demandes. Et plus de 990 refus ont été notifiés car selon Erik Rance, le directeur de l’Oniam, ces dossiers portent sur des pathologies non imputables au Mediator.  


Mais depuis plusieurs mois, la méthodologie du comité pour évaluer les dossiers d’indemnisation déposés par des personnes souffrant de valvulopathies avaient été publiquement contestés. Le comité composé d'experts médicaux qualifiés en pneumologie, cardiologie et en réparation des dommages corporels aurait régulièrement modifié à la baisse le niveau de gravité des valvulopathies établi dans les comptes rendus échocardiographiques des patients, la plupart du temps sans disposer des documents vidéo d'origine… Une pratique qui avait indigné des députés et des médecins. Ainsi, le Pr Jean-Luc Monin du CHU Henri-Mondor à Créteil (AP-HP), qui préside la filiale échocardiographie de la Société française de cardiologie (SFC), avait rappelé que, pour requalifier une échocardiographie, il fallait disposer des documents sources. Le député PS de Haute Garonne, Gérard Bapt avait regretté que « le doute profite (...) systématiquement au laboratoire et pas aux patients ». Et pour enfoncer le clou le député avait estimé que « la simple éthique professionnelle commanderait au collège d'experts une démission collective. » D’ailleurs, ces réinterprétations de comptes rendus d’imagerie médicale avaient également conduit l'un des membres du collège d’experts, le pneumologue Philippe Hervé à démissionner en décembre 2012. « La plupart du temps, nous disposions au mieux de photocopies de photos », avait-il déclaré à la presse.


Face à ces critiques, Roger Beauvois était resté droit dans ses bottes. Mais sa démission cette semaine relance la polémique. D'après l’Oniam, Roger Beauvois a « souhaité quitter ses fonctions pour raison personnelle ». Le magistrat a été nommé président de la Cour de révision de Monaco, l'équivalent de la Cour de cassation française. Son successeur à l’Oniam est Alain Legoux, 67 ans, magistrat à la Cour de cassation depuis 2002.