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Dopage : les sportifs plus sensibles à la moralité qu'aux dangers pour leur santé

Par Thierry Borsa

Une étude montre que, pour les athlètes, la notion de morale les dissuade davantage d'utiliser des produits dopants interdits que les dangers que présentent ces substances pour leur santé.

Sergeyryzhov/iStock

Le facteur clé qui semble protéger les athlètes du dopage, c'est leur sens des valeurs et leur moralité. Bien avant la crainte des conséquences parfois dramatiques que les produits dopants peuvent avoir sur leur santé. C'est ce que montre une étude financée par l'Agence Mondiale Antidopage et menée par l'université de Birmingham auprès de 1 500 athlètes au Royaume-Uni, au Danemark et en Grèce.

Davantage pour récupérer de blessures que pour améliorer les performances

Les participants, des footballeurs masculins et féminins concourant juste en dessous du niveau professionnel, ont dû remplir un questionnaire sur deux situations hypothétiques de dopage : une recherche d'amélioration de leurs performances ou la récupération après une blessure. Dans les trois pays, les footballeurs ont indiqué une probabilité plus élevée de recours à des produits dopants pour récupérer de blessures que pour améliorer leurs performances.

Des justifications liées aux autres

Mais au-delà de ces premiers éléments, les chercheurs ont examiné les émotions et les attitudes de ces sportifs à l'égard du dopage. Et il est apparu que si les athlètes trouvaient des justifications liées aux autres – assurer à l'équipe de meilleurs résultats ou... se doper comme le font d'autres athlètes – à l'utilisation de substances interdites, la probabilité qu'ils choisissent de se doper était plus grande.

En revanche, l'étude de ces émotions et attitudes a montré que les joueurs qui revendiquaient une forte "identité morale", portant des valeurs comme l'honnêteté et la justice, n'utilisaient pas ces justifications du dopage, s'attendaient à se sentir davantage coupables et finalement étaient moins susceptibles de se doper.

L'impact du comportement des entraîneurs

Ce qui a amené les chercheurs à s'intéresser à l'impact du comportement des entraîneurs. Selon que ces derniers pénalisent les joueurs coupables de dopage ou accordent une attention excessive aux meilleures performances, les athlètes vont respecter les règles ou se tourner vers des produits interdits.

Ces résultats, publiés dans Psychology of Sport and Exercise, montrent que l'aspect moral du dopage peut être davantage pris en compte dans les campagnes menées pour lutter contre l'usage de substances interdites. "Plus que la menace d'amendes ou d'interdictions de pratiquer le sport et le rappel des conséquences du dopage sur la santé, un message moral puissant pourrait être enseigné aux athlètes", souligne le Dr Maria Kavussanu, qui a dirigé cette étude.

"Une étape importante dans la compréhension du comportement des sportifs"

Tony Cunningham, directeur de l'éducation à l'école à l'Agence Mondiale Antidopage a déclaré pour sa part : "Cette étude est une étape importante dans la compréhension du comportement des sportifs face au dopage et elle fournit des informations précieuses sur la manière dont on peut mener des interventions pour le prévenir plus efficacement. Il est important d'engager les athlètes sur le plan moral, mais il peut être difficile de savoir quels types de message un athlète doit recevoir".