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Neurones

Faire une dépression à 20 ans augmente les pertes de mémoire à 50

Par Justine Ferrari

On sait déjà que la dépression abime les circuits neuronaux dans le cerveau, mais elle pourrait avoir plus d’effets sur nos fonctions cognitives qu’on ne le croit.

KatarzynaBialasiewicz / istock
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La dépression est une réelle maladie, qui a des effets sur le cerveau et le fonctionnement des neurones. On savait déjà qu’un stress subi dans les premières années de la vie altérait le développement neuronal. Cela pouvait avoir des répercussions sur la personne devenue adulte, comme augmenter les risques de dépression.

Mais une nouvelle étude à grande échelle réalisée par des psychologues de l'Université de Sussex pourrait bien faire avancer la recherche sur cette maladie. Ils ont révélé un lien clair entre les épisodes de dépression et d'anxiété vécus par les adultes de 20 à 30 ans, et la diminution de la mémoire au moment où ils atteignent l'âge de 50 ans. Cette étude, publiée dans le British Journal of Psychiatry, est la première à examiner la relation entre les symptômes dépressifs au début de la vie adulte et le déclin de la fonction cognitive dans la quarantaine.

Une étude depuis l’enfance jusqu’au 3e âge

Pour mener leurs recherches, les psychologues de Sussex ont analysé les données de la National Child Development Study, créée en 1958 avec une cohorte de plus de 18 000 bébés suivi par des participants de la naissance à l’âge adulte. Les psychologues de Sussex ont constaté qu’un épisode de dépression ou d’anxiété seul a peu d’effet sur la mémoire des adultes, mais une fois les épisodes portés à deux ou trois, cela prédit une diminution constante de la mémoire du participant au moment où il atteint 50 ans.

Outre la mémoire, les psychologues ont également évalué la fluidité verbale et la vitesse de traitement de l’information des participants à l’âge de 50 ans. Il en découle que les épisodes de dépression et d’anxiété ont eu peu d’impact ces domaines de la fonction cognitive, mais la perte de mémoire qui en découle suggère que les symptômes dépressifs ressentis au début de l’âge adulte pourraient prédire la démence chez les personnes âgées. Darya Gaysina, maître de conférences en psychologie à l'Université de Sussex, explique leurs conclusions : "cette constatation souligne l'importance d'une gestion efficace dépression afin d’empêcher le développement de problèmes de santé mentale récurrents avec des conséquences négatives à long terme".

Une avancée pour protéger la mémoire

Les psychologues du laboratoire EDGE de l’Université du Sussex soutiennent donc que leur étude pourrait permettre de protéger la mémoire future en encourageant les interventions en matière de santé mentale chez les jeunes adultes. Ils invitent même le gouvernement britannique à investir dans la santé mentale des jeunes adultes. Cela serait une mesure préventive pour protéger la santé future de notre population vieillissante. "Nous voudrions donc que le gouvernement investisse davantage dans la fourniture de services de santé mentale aux jeunes adultes, non seulement pour le bénéfice immédiat des patients, mais également pour protéger leur santé cérébrale future."