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Droit à l'avortement

IVG : en Île-de-France, de plus en plus d’interventions pratiquées en ville

Par Charlotte Arce

De moins en moins d’avortements dans les centres hospitaliers, mais de plus en plus en ville : c’est ce que met en lumière l’Observatoire régional de Santé Île-de-France. Dans son rapport portant sur la période 2015-2017, il constate aussi que le recours à l’IVG reste stable malgré de fortes disparités départementales.

SARINYAPINNGAM/iStock

En 2015, pour les 40 ans de la promulgation de la loi Veil, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, avait annoncé la mise en place d’un plan national d’actions pour "réaffirmer ce droit à l’IVG en le rendant plus accessible".

Parmi les mesures alors prises par le gouvernement : la suppression du délai de réflexion de 7 jours, mais aussi un meilleur remboursement des actes et la possibilité donnée aux sages-femmes de pratiquer des IVG médicamenteuses.

Quatre ans plus tard, où en est-on de l’accès des femmes à l’avortement ? Un rapport mené de 2015 à 2017 par l’Observatoire régional de Santé Île-de-France donne des pistes. Élaboré à la demande de l’Agence régionale de santé (ARS) et le Conseil régional, il donne un état des lieux éclairants sur l’accès à l’IVG des Franciliennes.

Un taux de recours à l’IVG stable

Premier constat émis par le rapport : en Île-de-France comme ailleurs en métropole, le taux de recours à l’IVG reste stable malgré de fortes disparités infrarégionales. Ainsi en 2017, 52 080 IVG ont été pratiquées dans la région, soit un taux de recours de 17,4%. De 13% dans les Yvelines, ce taux grimpe à titre de comparaison à 22% en Seine-Saint-Denis. Ce sont les femmes âgées 18 à 34 ans qui ont le plus recours à une interruption volontaire de grossesse, les IVG réalisées sur les mineures ne correspondant qu’à 3% des interventions.

Une augmentation de l’offre en ville

Le rapport fait aussi état d’une augmentation de l’offre en ville et d'une réduction de l’offre hospitalière, conséquence de la pratique des IVG par les sages-femmes et les médecins libéraux. Ainsi, le nombre d’établissements hospitaliers ayant réalisé au moins 50 IVG est passé de 90 en 2015 à 79 en 2017. Dans la même période le nombre des médecins libéraux pratiquant des IVG est passé de 449 à 483, soit une densité de 15 médecins pour 100 000 femmes en 2014 et 16,2 pour 100 000 femmes en 2017. Dans la même période le nombre de centres de santé pratiquant les IVG est passé de 59 à 76.

Par ailleurs, de plus en plus d’IVG sont réalisées avant 9 semaines d’aménorrhée, mais encore 5% d’IVG après 12 SA, délai légal d’interruption de grossesse. La part d’IVG au-delà de 12 SA est plus élevée chez les femmes de Seine-Saint-Denis.

De plus en plus d'IVG médicamenteuses

Le rapport fait aussi état d’une augmentation de la part d’IVG médicamenteuses dans tous les départements d’Île-de-France. Autorisée à l'hôpital depuis 1988, la technique médicamenteuse s'est largement diffusée depuis 1990 pour devenir la méthode la plus fréquente depuis 2008 : 16% des IVG pratiquées en France en 1990 étaient médicamenteuses, 36% en 2002 et 55% en 2011. Celles-ci sont pratiquées principalement à l'hôpital ou en clinique. Toutefois, la part des IVG médicamenteuses ayant lieu en cabinets de ville augmente depuis son autorisation en 2004. Ce qu’attestent ces nouvelles données : plus de deux IVG sur trois réalisées en Île-de-France sont effectuées par mode médicamenteux.