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Cancer : treize médecins disent stop aux chirurgies illégales

Par la rédaction avec Virginie Galle

Treize médecins dénoncent les chirurgies illégales du cancer dans une tribune. 

gpointstudio / iStock.
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"La chirurgie d’un cancer nécessite une expertise technique que seuls un enseignement et un entrainement intensifs et spécialisés peuvent produire (...) On fait bien en chirurgie ce que l’on fait souvent, on fait bien en ébénisterie ce que l’on exécute souvent". Dans une tribune* publiée sur Europe 1, treize médecins dénoncent les chirurgies illégales du cancer.

"Un exercice chirurgical spécialisé"

Des milliers d’actes chirurgicaux pour soigner le cancer sont réalisés illégalement tous les ans en France, c’est-à-dire par des structures qui opèrent sans disposer d’autorisations. En 2014, 115 services sur les 571 qui ont facturé des opérations pour des cancers du sein n’avaient par exemple pas le droit de le faire, faute d’expertise suffisante.

"La connaissance accrue de ces maladies a révélé une très grande complexité et une très grande diversité. On ne parle plus d’un cancer du sein mais de multiples sous-types de cancers du sein, on ne parle pas d’un sarcome mais de multiples sous-types de sarcomes, on ne parle pas d’un cancer du côlon mais de multiples sous-types de cancers du côlon, de même pour l’ensemble des tumeurs solides. Cette très grande diversité nous amène à un exercice chirurgical, spécialisé, exclusivement consacré à ces maladies", argumentent les spécialistes.

Réorganiser les soins

D’après une étude récente de l’Assurance maladie, le taux de mortalité de ces opérations illégales au bout d’un an est deux fois plus élevé que celui des opérations autorisées. Pour les premières, le nombre de décès est en moyenne de 29 pour 1000 opérations, contre 14,4 pour celles qui disposent de l'autorisation nécessaire. Le but est donc ici de réorganiser les soins afin d’offrir la meilleure prise en charge possible aux malades du cancer.

"Nous appelons à une réorganisation majeure de la chirurgie du cancer, qui ne vise pas à exclure des chirurgiens qui souhaiteraient exercer dans cette spécialité, mais plutôt à inclure l’ensemble des praticiens désireux de contribuer à la prise en charge de ces patients", conclut la tribune. Depuis dix ans, pour pouvoir réaliser l’ablation d’une tumeur cancéreuse, il est nécessaire de disposer d’une autorisation. Pour l’obtenir, il faut pratiquer un minimum d’opérations annuelles : 30 pour les cancers du sein, digestifs, urologiques et thoraciques, et 20 pour les cancers gynécologiques, oto-rhino-laryngologistes et maxillo-faciaux.

*Les signataires de la tribune :

Pr Fabien Reyal, chef de service de chirurgie sénologique, gynécologique et reconstructrice, Institut Curie, Paris
Pr Fabrice Lecuru, chef de service de chirurgie cancérologique gynécologique et du sein, Hôpital Européen Georges Pompidou, APHP, Paris
Pr Christophe Pomel, chef de service de chirurgie oncologique, Centre Jean Perrin, Clermont-Ferrand
Dr Sylvie Bonvalot, chef de service sarcomes et tumeurs complexes, Institut Curie, Paris
Pr Sebastien Albert, Service de chirurgie ORL et cervico-faciale, Hôpital Bichat, Aphp, Paris
Pr Gilles Houvenaeghel, chef de service de chirurgie sénologique, gynécologique et reconstructrice, Institut Paoli Calmettes, Marseille
Pr Philippe Rouanet, chef de département de chirurgie, Institut Régional du Cancer Montpellier
Pr Michel Rivoire, chef de département de chirurgie, centre Léon Bérard, Lyon
Pr Olivier Glehen, chef de service de chirurgie digestive et endocrinienne, hospices civils de Lyon
Pr Diane Goéré, Service de Chirurgie Viscérale, Cancérologique et Endocrinienne Hôpital Saint-Louis, APHP, Paris
Pr Eric Rullier, Unité de Chirurgie Colorectale, Hôpital Haut Lévèque, Pessac
Pr Nathalie Cassoux, Chef de département, Institut Curie, Paris
Dr Pascale Mariani, Chef de service de chirurgie viscérale et digestive, Institut Curie, Paris

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