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Insolite

Elle vit 30 ans avec des aiguilles d’acupuncture dans la colonne vertébrale

Par Jean-Guillaume Bayard

Des médecins canadiens ont découvert des aiguilles d’acupuncture intégrées dans la colonne vertébrale d’une femme âgée de 94 ans d’origine coréenne qui se plaignait de maux de dos. Le résultat d’une séance d’acupuncture Hari faite 30 ans plus tôt...

krisanapong detraphiphat/iStock

L’acupuncture est une thérapie d’origine chinoise qui vise à stimuler des zones précises de la peau, la plupart du temps à l’aide d’aiguilles. L’objectif est de lutter contre la douleur mais l’acupuncture est parfois utilisée en complément de traitements classiques.

Des résultats déroutants

Après une chute accidentelle, elle s’est rendue à l’hôpital universitaire de Toronto en signalant les symptômes d'une infection des voies urinaires mais également une douleur généralisée au dos. Par ailleurs, elle a indiqué ne pas réussir à localiser précisément la douleur et ne plus avoir de sensibilité musculaire au niveau de sa colonne vertébrale et de sa hanche. Les médecins ont alors pratiqué des radiographies du thorax, de la hanche et de la colonne vertébrale, notamment pour rechercher une éventuelle fracture.

À la lecture des résultats, la surprise fut grande pour les médecins. Les rayons X ont révélé de multiples "densités ressemblant à des filaments" autour de son épine dorsale. Les médecins, intrigués, ont alors voulu en savoir plus et ont fait passer à la patiente un scanner plus détaillé du thorax qui a montré plusieurs aiguilles retenues dans les muscles entourant la colonne vertébrale. Un cas rapporté dans la revue médicale BMJ Case Reports.

Des aiguilles placées sous la peau

Les soignants ont pu confirmer que la patiente avait rendu visite à un acupuncteur traditionnel Hari il y a 30 ans. Originaire du Japon et de Corée, cette technique rare d’acupuncture consiste à retenir délibérément des aiguilles dans la couche cutanée la plus interne du patient, appelée tissu sous-cutané, afin de procurer un soulagement continu de la douleur. Elle est différente de l’acupuncture traditionnelle qui consiste à planter des aiguilles temporaires d'environ 1 millimètre de diamètre et de 10 à 15 millimètres de long aux couches les plus extérieures de la peau pour soulager la douleur.

Au moment de l’intervention, des aiguilles en or, une représentation de la richesse financière de la culture coréenne, ont été placées le long du dos et de la ceinture de la femme pour soulager ses douleurs musculo-squelettiques. Comme le notent les médecins, cela pouvait "mener à des résultats d’imagerie alarmants" plus tard dans la vie.

Pas le premier cas après une séance d’acupuncture Hari

"À notre connaissance, ce cas détaille la plus longue période de conservation d’aiguilles d’acupuncture avant la détection clinique ou radiographique", ont écrit les auteurs dans la revue. "Heureusement, la patiente n'a subi aucune conséquence dramatique."

La science ne permet pas d’affirmer si l'acupuncture Hari est réellement efficace mais des cas de migration d’aiguilles des tissus sous-cutanés vers les organes intra-abdominaux ont déjà été rapportés. Dans une autre situation, les rayons X avaient révélé la présence d'aiguilles implantées de manière permanente dans la poitrine d'une femme de 68 ans. Des aiguilles insérées dans le cou, la poitrine, l'abdomen et le bassin avaient été révélées par des examens d’une accidentée de la route.