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CNRS

A Toulouse, des chercheurs prouvent l'absence de lien entre pollution et maladie d'Alzheimer

Par Jean-Guillaume Bayard

Des chercheurs toulousains ont prouvé l’absence de lien entre la pollution et Alzheimer. Un lien qui avait pourtant été établi par plusieurs études.

nicoletaionescu/iStock

En 2016, des chercheurs de la prestigieuse Université d’Harvard avaient montré que la probabilité d’être hospitalisé pour une maladie neurodégénérative s’accroît avec une augmentation de la concentration en particules fines. En d’autres termes, l’exposition à la pollution augmente les risques d’attraper la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson.

Une étude chinoise, publiée en 2016, suggère également que des nanoparticules de magnétite, provenant de la pollution atmosphérique, peuvent pénétrer dans le cerveau par inhalation et provoquer une dégénérescence neuronale responsable de la maladie d’Alzheimer. Une étude britannique de 2007 a aussi montré que la magnétite pouvait générer des réactions d’oxydation néfastes.

Les magnétites ne sont pas dangereuses

Les conclusions de l’étude menée par une équipe de chercheurs du Laboratoire de Chimie de coordination du CNRS montrent tout l’inverse. "Quand j’ai lu ces études, cela m’a paru bizarre, incohérent, donc j’ai décidé de refaire les manipulations effectuées par ces scientifiques en 2016", raconte Bernard Meunier, principal auteur de l’étude.

Les résultats ont été publiés dans la revue Angewandte Chemie International. Les chercheurs ont publié un communiqué dans lequel ils expliquent que "la magnétite, un des principaux minerais de fer, présente une très forte stabilité, y compris à l'échelle des temps géologiques". Ces mêmes magnétites qui, selon l’étude de 2016 pouvaient pénétrer dans le cerveau par inhalation et provoquer une dégénérescence neuronale responsable de la maladie d’Alzheimer, seraient en réalité inoffensives pour le cerveau.

Pas de lien pollution - Alzheimer

Les chercheurs ont reproduit les expériences dans les conditions de température et de pH identiques aux conditions physiologiques et ont montré que "la magnétite est incapable de se lier au peptide amyloïde et d'induire des réactions d’oxydation", peut-on lire dans le communiqué. "Nous avons refait leur protocole et montré qu’il n’y a pas de réaction d’oxydation, et donc que la magnétite ne peut pénétrer dans le cerveau", poursuit Bernard Meunier.

Ce résultat permet donc de penser que la magnétite est inerte et qu'il est donc très peu probable qu'elle soit impliquée dans la dégénérescence neuronale observée dans la maladie d'Alzheimer. Ces résultats viennent donc contredire les conclusions des études précédentes.

Attention à la course à la publication

"Cette étude doit amener à refaire des tests autour de la magnétite afin d’étudier son caractère prétendument dangereux pour le cerveau humain", précise le communiqué. Les résultats de son étude ont conduit Bernard Meunier à dénoncer "la course à la publication de certains chercheurs qui surfent sur des modes et angoissent les gens. Il faut les rassurer. La magnétite est présente naturellement dans le cerveau et cela n’est pas dangereux."