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Mastectomie préventive

Cancer du sein : à 38 ans, Caroline se fait enlever la poitrine pour ne plus avoir peur

Par Jean-Guillaume Bayard

Porteuse d’une anomalie génétique qui la prédispose aux cancers féminins, une femme de 38 ans décide de faire une double mastectomie préventive. Une opération difficile qui permettra, espère-t-elle, d’ouvrir le débat sur cette pratique.

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Octobre Rose, le mois de communication destiné à sensibiliser au dépistage du cancer du sein, touche à sa fin. À cette occasion, plusieurs études ont mis en lumière les pratiques pouvant aider les femmes à éviter ce type de cancer.

Ainsi, il est préférable de privilégier un régime alimentaire méditerranéen ou encore d’allaiter les nourrissons pour celles qui sont mamans. À l'inverse, les femmes diabétiques encourent un risque accru de développer un cancer du sein. Certaines femmes sont porteuses d'une anomalie génétique familiale qui les expose à un risque de cancer du sein (et de cancer de l'ovaire).

Un choix difficile

Caroline Pozzi a 38 ans et vit à Vannes, dans le Morbihan. Après le décès de sa mère et de deux de ses tantes, cette femme a décidé, en juin 2017, de sauter le pas en optant pour un essai clinique préventif de chirurgie robotique au centre de lutte contre le cancer Gustave-Roussy à Villejuif. L’objectif : se faire enlever les deux seins pour éviter de développer un cancer.

"Aujourd’hui, quand je me regarde, je vois les mêmes seins qu’avant. C’est ma poitrine", explique, courageuse, Caroline. Pour elle, cette double vasectomie préventive doit permettre d’ouvrir un débat sur une pratique tabou. "Il y a besoin d’en parler… Les femmes ont du mal à sauter le pas. C’est un choix qu’on peut faire en connaissance de cause."

Un gène familial

Après le décès de ses deux tantes, victimes d’un cancer du sein, et de sa mère, décédée suite à un cancer des ovaires, Caroline a voulu échapper à la malédiction. Ses prédispositions tiennent à la mutation d’un gène dont les conséquences peuvent être dévastatrices (BRCA1 et BRCA2) pour le sein (et pour l'ovaire).

"Ma mère avait fait un test génétique, à l’époque où l’on commençait à en parler dans le milieu médical." Finalement, elle aussi fait le test. Résultat : positif. "Sacré héritage que je te laisse", lui dit alors sa mère.

L’essai clinique, une bénédiction

Après ce test, elle dit vivre "avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête." Chaque année, des IRM pour suivre l’évolution du gène. Puis le déclic, le jour de ses 36 ans. "C’est l’âge qu’avait ma tante quand on lui a décelé son premier cancer", confie-t-elle. "Je me suis demandé que faire de ce test. Est-ce que j’allais continuer à faire l’autruche ?"

Lorsqu’elle décide de sauter le pas, Caroline s’attend à subir une mastectomie à Rennes. Mais son rendez-vous ne la rassure pas. Dans le même temps, elle entend parler d’un essai clinique où le chirurgien est assisté par un robot pour retirer les glandes mammaires. Elle décide de tenter se chance et prend un rendez-vous au centre de lutte contre le cancer Gustave-Roussy à Villejuif en juillet 2016.

"J’aurais peut-être un autre cancer, mais pas celui-là."

Si elle parle aujourd’hui ouvertement et avec conviction de cette opération, les moments qui l’ont précédée furent moins heureux. "Je me demandais si j’allais m’accepter. Et puis, il y avait aussi l’essai clinique. J’ai voulu faire demi-tour la veille. Je me demandais pourquoi je m’infligeais ça."

Finalement, la jeune femme se lance. "J’ai ressenti un immense soulagement malgré les douleurs. J’avais pris les devants. Je sais que le risque zéro n’existe pas… J’aurai peut-être un autre cancer, mais pas celui-là." Aujourd’hui, elle ne regrette pas, au contraire. "C’est comme une renaissance. Un nouveau corps à s’approprier."

Le risque lié au BRCA1 ou au BRCA2 expose aussi au risque de cancer des ovaires, mais sa survenue est plus tardive et cette jeune femme pourra se faire retirer les ovaires dans un 2e temps. En attendant, une surveillance régulière est nécessaire.