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Attention danger

Manque de sommeil : graves conséquences sur le travail et la conduite

Par Raphaëlle de Tappie

Les risques liés au manque de sommeil sont importants dans le travail, comme dans d'autres activités qui requièrent l'attention. Un cercle vicieux puisque c'est le plus souvent les personnes exerçant les plus grosses responsabilités qui ont tendance à ne pas dormir suffisamment... 

artursfoto/iStock

Le sommeil c’est la santé. C’est bien connu, quand on ne dort pas suffisamment, on est irritable et plus distrait. Et par conséquent, bien moins efficace au travail, ce qui, dans le cas de certaines professions, peut s’avérer vraiment dangereux, selon une nouvelle étude américaine parue le 27 septembre dans le Journal of Experimental Psychologie:General.

Une expérience sur la privation de sommeil

Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs de l’Université du Michigan ont suivi 234 volontaires à qui ils ont demandé de se rendre au laboratoire à 22h pour effectuer une série de tâches dans un certain ordre. Ils ont ensuite interrompu certains participants, les priant de se souvenir où ils en étaient avant de continuer. A minuit, la moitié des personnes est restée au laboratoire tandis que l’autre est rentrée dormir. Le lendemain, tout le monde devait à nouveau exécuter la série de tâches. Les scientifiques se sont alors rendu compte que ceux qui avait veillé toute la nuit étaient moins assidus.

"Tous les participants ont effectué correctement les tâches le soir, mais environ 15% des participants du groupe des insomniaques n'y est pas parvenu le lendemain matin, contre 1% de ceux qui avaient dormi", résume Kimberly Fenn, co-auteure de l'étude. Et de préciser: "les participants qui n'ont pas dormi ont fait davantage d'erreurs, mais ils ont aussi progressivement multiplié les oublis. Un phénomène absent chez ceux qui ont pu dormir. Ceux qui sont restés au laboratoire sans fermer l'œil avaient du mal à se repérer dans la séquence de tâches après chaque interruption".

Chaque année, 4 000 compresses oubliées dans le corps des patients opérés

"Les erreurs humaines dans le domaine de la chirurgie, des transports ou dans les usines nucléaires sont principalement causées par le manque de sommeil", rappelle-t-elle. "De nombreuses personnes exerçant des professions à risque ne dorment pas assez. Des études ont montré que près d'un quart des personnes exerçant des métiers aux protocoles rigoureux s'endormait au travail", poursuit-elle.

"Chaque jour, environ 11 éponges sont oubliées dans le corps de patients opérés. Cela constitue 4 000 erreurs médicales potentielles par an. C'est un exemple de tâches rigoureuses mal accomplies qui peuvent être le fruit d'un manque de sommeil", continue l’étude, avant de conclure : "Des individus responsables de tâches cruciales constituent ainsi un danger, pour eux-mêmes et pour les autres, en raison de leur manque de sommeil. C'est un sujet que l'on ne peut tout simplement pas ignorer".

Augmentation du risque d'accidents de la route

Bien évidemment, il n’y pas qu’au travail que le manque de sommeil peut créer de graves problèmes. Parmi les activités à absolument éviter quand on est dans le coaltar : la conduite. En effet, sur la route, la fatigue est responsable d’un accident mortel sur trois. En juillet, une étude a été réalisée sur les risques liés au manque de sommeil au volant. D’après cette dernière parue sur le site BMC Medicine, "les personnes qui sont en manque de sommeil chronique ne se perçoivent pas comme très fatiguées, et ne se sentent pas diminuées".

Car ceux qui sont sujets aux insomnies ou à l’apnée du sommeil ne sont plus conscients de leur fatigue, ce qui les expose davantage à un possible accident de voiture. Dans le détail, l’apnée du sommeil et l’apnée du sommeil modérée augmentent respectivement de 123% et de 13% le risque d’accident de la route. Ce dernier passe à +33% pour ceux qui dorment six heures par nuit seulement contre les personnes ayant droit à sept ou huit heures de sommeil.

Six à huit heures de sommeil par nuit dans l'idéal 

En effet, plusieurs études ont établi qu’afin d’éviter de développer des problèmes de santé, il faudrait dans l’idéal dormir entre six et huit heures par nuit. Ainsi, d’après une étude présentée au Congrès de la Société Européenne de Cardiologie (ESC), dormir moins de six heures par nuit peut engendrer une trop forte glycémie, de l’hypertension, de l’obésité et du diabète.

Les petits dormeurs ont également un risque accru de 11% de développer ou de mourir d'une maladie coronarienne ou d'un AVC. Mais il n’est pas non plus recommandé d’abuser du sommeil puisque ceux qui dorment plus de huit heures par nuit voient quant à eux augmenter ce risque de 33%.

Des règles simples

En France, 73% des adultes assurent se réveiller au moins une fois par nuit tandis que 36% d’entre eux indiquent souffrir d’au moins un trouble du sommeil. Parmi eux, seulement 18% suivent un traitement. Mais avant d’en arriver à prendre des médicaments, rappelons quelques règles de bases pour amorcer la nuit sereinement.

Ne buvez ni café ni thé après 16 heures, ne pratiquez pas de sport le soir, cela réveillera vos muscles, arrêtez les écrans au moins une heure avant d’aller dormir, maintenez votre chambre à température fraîche (19 degrés maximum) et plongez-la dans l’obscurité la plus totale avant d’aller dormir, écoutez votre corps quand il est fatigué : ne vous forcez surtout pas à veiller si vous avez sommeil.

Enfin, dernier conseil et pas des moindres : soyez dans votre lit uniquement pour dormir. Outre les rapports sexuels, les activités de détente tels qu’écouter de la musique, regarder un film ou lire un livre doivent se faire ailleurs afin que votre corps associe votre lit et la position couchée au sommeil exclusivement.