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Perte de poids

Obésité : une nouvelle molécule démontre son effet sur le poids et sa tolérance

Par Dr Philippe Montereau

La lorcasérine, un nouveau médicament anti-obésité, démontre sa bonne tolérance sur le long terme. Mais, il faut poursuivre l’évaluation dans la lutte contre ce fléau mondial.

Anchalee Phanmaha/istock
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Pendant les 3,3 ans d’une étude de sécurité avec la locasérine, un nouvel anti-obésité, plus de patients du groupe lorcasérine ont perdu au moins 5% de leur poids corporel que dans le groupe placebo (OR, 3,01; intervalle de confiance à 95%, 2,74 à 3,30). Cela confirme les essais qui ont permis l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis (AMM). De plus, il apparaît qu’il n’y a pas eu d’augmentation des événements cardiovasculaires majeurs (P < 0,001 pour la non infériorité), confirmant la tolérance de cette molécule.

Les effets indésirables étaient peu fréquents dans l'ensemble, et similaires dans les deux groupes, à l'exception d'hypoglycémies dans le groupe lorcaserine (13 patients contre 4 dans le groupe placebo), principalement chez les personnes diabétiques à l’inclusion.

Une très large étude pour vérifier la tolérance

CAMELLIA-TIMI 61, étude de tolérance cardiovasculaire sur le long terme, a été menée chez 12 000 personnes obèses ou en surpoids. Pour évaluer la tolérance l’essai à recruté en priorité des personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire ou ayant des facteurs de risque cardiovasculaires multiples : diabète (57%), hyperlipidémie (94%), hypertension (90%) et insuffisance rénale chronique (20%).

Il a comparé la lorcasérine (10 mg deux fois par jour) à un placebo. L’évaluation était centrée sur les événements cardiovasculaires majeurs (décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral). Le risque de développement d'un diabète de type 2 d'apparition récente était également analysé.

Pas plus de maladie valvulaire

Dans le passé, il avait été observé une augmentation du risque de maladie des valves cardiaques et d’hypertension artérielle pulmonaire avec les médicaments anti-obésité sérotoninergiques, comme la dexfenfluramine and le fenfluramine.

Ceci n’est pas observé au plan clinique dans cette étude de 12 000 personnes, puisque l’on a observé une cardiopathie valvulaire symptomatique chez 58 personnes dans le groupe lorcasérine et 64 dans le groupe placebo.

Cependant, parmi les patients inclus dans la sous-étude où une échocardiographie cardiaque a été réalisée, une atteinte valvulaire a été observée à 1 an chez 30 patients sur 1624 (1,8%) dans le groupe lorcasérine et 22 patients sur 1646 (1,3%) dans le groupe placebo, le plus souvent sous la forme d’une légère insuffisance de la valve aortique (chez 23 patients contre 15 dans le groupe placebo). En outre, et toujours à un an, il existait également une différence sur le risque d’hypertension artérielle pulmonaire. Dans cet essai, il existe aussi un doute sur les troubles psychiatriques.

Pas d’impact évident sur le risque diabétique

Concernant, l’apparition d'un nouveau diabète de type 2, elle est observée chez 172 patients sur 2015 (8,5%) dans le groupe lorcasérine et chez 204 patients sur 1976 (10,3%) dans le groupe placebo. L’impact de la lorcasérine sur le contrôle de la glycémie est encore incertain.

Les données précliniques avaient suggéré que la lorcasérine avait des propriétés hypoglycémiantes indépendantes de la perte de poids mais les essais cliniques, y compris celui-ci, montrent des résultats moins impressionnants, en partie à cause de la prescription au cours de l’étude d'autres médicaments anti-diabétiques, y compris les inhibiteurs du SGLT2.

L’obésité, un fléau mondial

Plus de 650 millions de personnes (13%) sont obèses dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé. Rien qu'aux États-Unis, des études suggèrent que plus de 40% des adultes sont obèses. Une approche non pharmacologique consistant en une activité physique, un régime alimentaire et une modification du comportement alimentaire reste la pierre angulaire de la réduction du poids. Mais beaucoup de personnes n’arrivent pas à maintenir cette perte de poids. Par conséquent, des options médicales et chirurgicales (chirurgie bariatrique) ont été développées pour réduire et maintenir la perte de poids. Parmi les patients qui doivent utiliser ces options, l'innocuité à long terme de tout moyen amaigrissant devient essentielle avant sa généralisation éventuelle.

A la lecture de ces résultats, il semblerait qu’il soit nécessaire de poursuivre sur le long terme l’évaluation de la sécurité cardiovasculaire de la lorcasérine, et des autres médicaments anti-obésité, dans la mesure où ce traitement est susceptible de se poursuivre pendant des années pour maintenir la perte de poids. Dans cet essai, malgré sa taille et la longueur du suivi, la perte de poids moyenne reste minime.