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Inégalité des chances

Cancer du poumon : à consommation égale, les femmes sont plus sensibles au tabac que les hommes

Par Mathilde Debry

La femme serait plus encline que l’homme au cancer du poumon, à durée et intensité égales d’exposition au tabagisme, selon une nouvelle étude. 

DmitryAgeev /iStock

Les résultats étaient très attendus. Une nouvelle étude norvégienne vient de prouver que la femme serait plus encline que l’homme au cancer du poumon, à durée et intensité égales d’exposition au tabagisme. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont analysé trois vastes recherches : la Norwegian Counties Study, la 40 Years Study et la Cohort of Norway (CONOR) Study. Au total, 585 583 personnes ont été suivies jusqu’au 31 décembre 2013. 6 554 cas de cancer broncho-pulmonaire ont été rapportés.

Ces conclusions vont dans le même sens qu’une récente étude publiée en mai dans dans le New England Journal of Medicine. Les chercheurs de l'American Cancer Society et du National Cancer Institute ont analysé les registres nationaux et régionaux de l’Association Nord Américaine du Cancer de patients âgés de 30 à 54 ans entre 1995 et 2014. Ils ont alors étudié les nouveaux cas de cancer du poumon selon le sexe, le groupe ethnique, l’âge et l’année de diagnostic. Conclusion : au cours des deux dernières décennies, la maladie a diminué pour l’ensemble de la population étudiée mais bien plus chez les hommes. A tel point qu'elle affecte désormais d'avantage les femmes.

Une plus grande sensibilité des femmes aux méfaits du tabac

Pour les chercheurs, l’évolution du tabagisme chez les femmes ne peut être le seul responsable d’un tel changement. Car, aux Etats-Unis comme en France, les fumeuses restent moins nombreuses que les fumeurs. Ils avancent ainsi la possibilité d’une plus grande sensibilité des femmes aux méfaits du tabac. "De futures études sont nécessaires pour identifier les raisons de la plus forte incidence de cancer du poumon chez les jeunes femmes", notent-ils, sceptiques. Quoi qu'il en soit, "ces résultats ont une importante implication pour la santé publique. Ils pourraient annoncer une augmentation des cancers du poumon chez des femmes de plus en plus jeunes. Aussi, nous devons intensifier les mesures afin de faire diminuer le tabac chez les jeunes femmes".

Dans 80% des cas, le cancer du poumon reste du au tabagisme chronique. Dans les cinq années qui suivent l’arrêt, le risque de cancer du poumon baisse de 39 % par rapport à ceux qui fument toujours. D’année en année, le risque continue de diminuer, mais même 25 ans après l’arrêt, il reste trois fois supérieur à celui des non-fumeurs, c'est-à-dire ceux qui n’ont jamais fumé. 4 cancers du poumon sur 10 concernent d’anciens "gros fumeurs" qui ont arrêté il y a plus de 15 ans.

Effet de génération

Les chercheurs rappellent que le tabac est le premier facteur de risque évitable de mortalité précoce par cancer non seulement en France, mais aussi dans le monde. Parmi les 35-69 ans, le tabac est responsable de 58% des décès par cancer chez l’homme et respectivement de 20% chez la femme. 

En France, Santé Publique France constate une "augmentation du tabagisme chez les femmes dans les classes d’âge les plus élevées", qui s’explique par un effet de génération. Les générations de femmes qui ont le plus fumé ont aujourd’hui de 55 à 75 ans, et une partie d’entre elles n’ont pas arrêté de fumer. De ce fait, les projections montrent que la mortalité par cancer du poumon chez la femme se rapproche de plus en plus de la mortalité par cancer du sein.