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Tabou

Alcoolisme féminin : les femmes qui boivent sont plus stigmatisées que les hommes

Par la rédaction avec Charlotte Arce

Face à leur dépendance à l’alcool, hommes et femmes sont loin d’être égaux. Plus fragiles et davantage stigmatisées, les femmes boivent généralement seules et cachent leur addiction, ce qui rend plus compliquée leur prise en charge et leur sevrage.

AndreyCherkasov/iStock
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En France, on estime aujourd’hui entre 500 et 1 million le nombre de femmes dépendantes à l’alcool. Si ce chiffre est si peu précis, c’est que l’alcoolisme féminin est généralement moins facilement identifiable que celui des hommes.

Tandis que les hommes qui boivent sont considérés comme "virils", "bons vivants" et ayant "une bonne descente", les femmes sont perçues comme des mères irresponsables, des femmes légères, sottes, fragiles et égoïstes.

En résulte un auto-contrôle social très fort chez les femmes alcooliques, qui font tout pour que leur maladie ne soit pas découverte et ne pèse sur leur image sociale, leur vie familiale ou professionnelle. Elles préfèrent alors boire seules et en cachette, ce qui retarde leur prise en charge et leur sevrage.

Les femmes et l’alcool, un tabou

Cette stigmatisation culturelle, cette honte que ressentent les femmes alcooliques, Laurence Cottet les connaît bien. Cette ancienne cadre supérieure dans le BTP a été alcoolique pendant 10 ans. Dans une vidéo signée Brut, elle revient sur ses années passées à dissimuler sa maladie et les signes de manque, ou encore à trouver des stratagèmes pour boire, notamment lorsqu’elle était au travail.

"Une journée type, c’était de regarder mon planning de travail et de me dire : 'Quand est-ce que je vais pouvoir boire ?'", raconte Laurence Cottet.

Alors que personne dans son entourage personnel ou professionnel n’a conscience de sa maladie, Laurence Cottet revient sur la journée où son addiction a été révélée au grand jour. "Le 23 janvier 2009, à midi et demi, je m’effondre ivre-morte à la cérémonie des vœux chez Vinci, là où j’étais cadre supérieure. C’est violent. Je vais rester longtemps par terre, je vais voir beaucoup de gens partir au lieu de venir m’aider, je suis seule. Finalement, on va me relever, on va m’évacuer, je vais rester seule avec mon problème dans mon bureau. Et on va enfin me prendre en soins."

Licenciée, Laurence Cottet entame une thérapie qui l’aide à sortir de sa dépendance à l’alcool. Aujourd’hui sobre, elle se bat contre les préjugés qui touchent les personnes dépendantes à l’alcool, en particulier les femmes, et qui nuisent à leur guérison.

"L’alcoolisme féminin est compliqué. Il est compliqué avant tout par l’image que renvoie la femme qui boit. Ce n’est pas beau", estime Laurence Cottet. "Si je raconte mon histoire avec beaucoup de sincérité et en restant, je l’espère, pudique, c’est pour prévenir, notamment les jeunes femmes. Leur dire : 'faites attention, quand vous êtes alcoolisée, vous êtes une proie, vous êtes en danger. Et vous mettez également en danger la vie d’autres personnes si vous conduisez un véhicule'."

Comment repérer l’alcoolisme chez une femme ?

Véritable maladie, l’alcoolodépendance est reconnue comme telle par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1978, mais reste difficile à détecter dans certains cas.

Si une personne de votre entourage a continuellement besoin de boire de l’alcool pour se détendre, déglutit avec avidité, en cachette ou recherche des situations où elle a l’occasion d’en consommer, cela doit vous alerter. Si vous la voyez incapable de réduire sa consommation, c’est que le problème se pose. Il arrive que certaines personnes ne boivent pas pendant quelques jours, mais qu’elles abusent de l’alcool le week-end. Ou encore, qu’elles boivent un ou deux apéros par jour. En apparence, cette consommation peut paraitre anodine. Mais souvent, elles vivraient mal le fait de passer une journée sans leur dose quotidienne.

Inquiétez-vous également si un proche néglige son travail, ses activités, ses responsabilités ou des tâches ménagères à cause de l’alcool. C’est que la boisson occupe une place désormais trop importante dans sa vie. Au fur et à mesure, la consommation d’alcool d’une personne dépendante augmente de plus en plus. Elle doit satisfaire son organisme qui s’y est habitué et qui en réclame toujours plus. La fréquence augmente et l’usage sans dommage précède l’usage à risque. Quand le corps réclame l’alcool, c’est que la dépendance est installée.