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Douleurs et inflammation

Arthrose : les antirhumatismaux n’améliorent pas la douleur ni l’évolution de la maladie

Par le Dr Jean-Paul Marre

Dans l’arthrose, les médicaments antirhumatismaux (DMARDs), qu’ils soient conventionnels ou de type biothérapie, n’améliorent pas la douleur ou le pronostic de la maladie.

JPStrickler/istock

Selon une nouvelle étude, les médicaments antirhumatismaux immunomodulateurs (DMARDs), qui sont pourtant capables de mettre en rémission les rhumatismes inflammatoires en modulant l'immunité et en traitant l’inflammation, n'offrent aucun bénéfice réel sur la douleur inflammatoire d'arthrose par rapport à un placebo, même si les études sont "positives au plan statistique".
Les chercheurs ont analysé les résultats de 11 essais scientifiques contrôlés et portant sur un total de 1205 participants. La moitié des essais (757 participants) a évalué les antirhumatismaux conventionnels et l’autre moitié (448 participants) des traitements biologiques (« biothérapies »).

Un bénéfice statistique sans valeur clinique

Bien que les antirhumatismaux montrent un bénéfice au plan statistique sur le score de la douleur par rapport au placebo (taille de l'effet = 0,18 ; IC95% 0,03 – 034), la différence n’est pas significative au plan clinique car la différence mesurée est inférieure à un seuil minimal de 0,5 pour percevoir une différence cliniquement perceptible.

Si l’on compare les 2 sous-groupes uniquement dans les essais de la meilleure qualité scientifique, aucune différence significative n’y est observée au plan statistique cette fois.

De plus, non seulement les investigateurs ne trouvent pas de bénéfice avec les antirhumatismaux les plus anciens et les moins sélectifs (méthotrexate, hydroxychloroquine), mais ils n’en trouvent pas non plus avec les agents biologiques les plus sélectifs, de type anti-IL1 et anti-TNF.

Il n’est pas non plus possible de montrer un bénéfice en fonction de la localisation de l’articulation touchée par l’arthrose ou du type évolutif d'arthrose.

Intérêt théoriques des antirhumatismaux dans l’arthrose

Ces antirhumatismaux ciblent portant des protéines qui sont impliquées à la fois dans l’inflammation des rhumatismes inflammatoires chroniques et à la fois dans l’inflammation observée au cours des poussées évolutives d’arthrose : l'interleukine-1, le TNF-alpha ou d’autres.

Ces essais avaient été menées parce que des études in vitro ou sur des animaux avaient suggéré que les antirhumatismaux pourraient être utiles dans le traitement de l'arthrose. Plusieurs essais contrôlés avaient été menés chez l’homme et avaient été négatifs ou positifs, mais c’étaient des essais de petite taille et il s’agissait de voir ce que cela donnait sur des populations de malades plus importantes, en regroupant les résultats de ces études.

Une maladie parfois inflammatoire

L'arthrose est ce que l’on appelle une maladie dégénérative (ou liée à l’usure), mais le rôle de l'inflammation dans l'arthrose est avéré au cours des poussées inflammatoires, qui seraient également les périodes où l’arthrose évolue le plus.

Le rôle de l'inflammation dans l'arthrose fait cependant toujours débat, certains tenant donc l'inflammation comme étant le principal facteur de destruction articulaire et de la douleur, tandis que d'autres croient que l’inflammation est la conséquence des processus de réparation de l'articulation.

Même si les antirhumatismaux sont des médicaments qui sont capables de traiter directement l’inflammation d’origine auto-immune au cours des rhumatismes inflammatoires, ces résultats suggèrent que ce type d’inflammation ne serait pas celui qui est responsable de la douleur arthrosique, et donc que l'inflammation de l'arthrose diffère de l'inflammation de la polyarthrite rhumatoïde.

Les traitements spécifiques de l’arthrose restent donc à trouver, en attendant différentes techniques permettent d’améliorer la maladie, mais les anti-inflammatoires non-stéroïdiens ne doivent être utilisés qu’au moment des poussées inflammatoires d’arthrose. Le reste du temps, il faut se contenter des médicaments contre la douleur.