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L'abus d'alcool est dangereux pour la santé

Cancer : quelle est la dose d’alcool quotidienne maximale pour un risque minimum ?

Par Mégane Fleury

Il faudrait boire au maximum entre un et trois verres d’alcool par semaine pour avoir le moins de risque de développer un cancer et de décès prématuré. En réalité, en matière d’alcool, c’est la guerre des chiffres, mais aucune étude n’atteste de ses bienfaits.  

william87/iStock

Les Français consomment en moyenne 18,2 verres d’alcool par semaine. C’est huit doses de plus que ce que recommandent Santé Publique France et l’Institut National contre le cancer. Lorsqu’il s’agit de déterminer un seuil de consommation à partir duquel le risque de cancer et de mort précoce est plus élevé, les études se contredisent. Le journal PLOS en publie une nouvelle qui estime que pour un risque minimum, il serait préférable de consommer entre un et trois verres par semaine maximum.  

La deuxième cause de mortalité par cancer 

Une consommation trop élevée d’alcool augmente le risque de cancer et de décès prématuré. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’en France, l’alcool est la deuxième cause évitable de mortalité par cancer (tous cancers confondus), juste après le tabac. Aux Etats-Unis, les autorités recommandent aux hommes de ne pas dépasser deux verres par jour et un verre pour les femmes. En France, Santé publique France et l’Institut National contre le cancer recommandent, en plus des dix doses par semaine maximum, de s’abstenir deux jours par semaine. Cela correspond donc à deux verres par jour pendant cinq jours. 

Entre un et trois verres par semaine

L’étude relayée par PLOS a été réalisée par des chercheurs de la Queen’s university de Belfast et de l’Institut National du Cancer américain. Pendant neuf ans environ, ils ont suivis près de 100 000 personnes âgées de 55 à 74 ans. La consommation moyenne pour les hommes était de 4,02 verres par semaine contre 0,8 pour les femmes. Les chercheurs ont comparé les différentes consommations aux nombres de décès et de cancers.

Ils ont constaté que le risque de décès était le plus faible pour les personnes qui consommaient moins de 0,5 verres par jour, qu’il s’agisse d’homme ou de femme. Cela correspond à une consommation comprise entre un et trois verres par semaine. Pour les autres consommateurs, les risque de cancers et de décès étaient plus élevés. Mais certains autres facteurs peuvent également augmenter les risques, comme la consommation de tabac ou l'absence d’activité physique par exemple. 

L'alcool, un facteur de risque pour tous les types de cancer

Selon un sondage Opinion Way réalisé pour la Ligue contre le cancer réalisé mi-juin, 82% des Français savent que le risque de cancer augmente en consommant de l’alcool de façon quotidienne, mais 53% de la population globale (soit plus d'un Français sur deux) ignore qu'une consommation d'alcool, même modérée, peut être un facteur de risque, notamment dans le cancer du sein. 39% pensent que le cancer du foie est le risque le plus grave. Pourtant, l'alcool est à l'origine de 8 081 nouveaux cas de cancers du sein par an en France, soit plus que le cancer colorectal (6 654 cas), de la cavité buccale et du pharynx (5 675 cas), du foie (4 355 cas), de l'œsophage (1 807 cas) et du larynx (1 284 cas). Même en très petites quantités, l’éthanol contenu dans les boissons alcoolisées est en effet transformé dans l’organisme en composés favorisant le développement de la maladie.

Des données inquiétantes quand on sait que les femmes rattrapent petit à petit les hommes en termes de consommation d’alcool. Chez les personnes nées entre 1891 et 1910, "les hommes étaient 2,2 fois plus susceptibles que les femmes de consommer de l'alcool, 3 fois plus susceptibles de boire de l'alcool de façon problématique et 3,6 fois plus susceptibles d'être affectés par des effets néfastes liés à l'alcool" détaille un article publié en 2016 par la revue britannique British Medical Journal (BMJ). Des ratios qui tombent respectivement à 1,1 fois, 1,2 et 1,3 pour les populations nées entre 1991 et 2000, âgées de 18 à 27 ans aujourd'hui. 

Le mythe des bienfaits de l’alcool 

Les effets bénéfiques de l’alcool font régulièrement l’actualité. Certains affirment qu’un verre de vin rouge serait très bon pour le coeur, d’autres plaident pour le zéro alcool. En 2017, des chercheurs ont réalisé une méta-analyse de 87 études consacrées aux bienfaits de l’alcool. Selon eux, dans la plupart des cas, les résultats sont biaisées. Par exemple, les buveurs sont comparés à des non-buveurs, mais parmi ces derniers, il y a d’anciens consommateurs qui ont arrêté à cause de problèmes de santé. Au-delà des biais méthodologiques, les résultats n’étaient pas vérifiés car les personnes avec la plus longue durée de vie étaient celles qui buvaient moins d’un verre par semaine. Pour les chercheurs, cette quantité est beaucoup trop faible pour avoir un quelconque effet biologique. 

49 000 décès sont liés à l’alcool chaque année en France, dont 15 000 à la suite d’un cancer. 

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