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Maladie d'Alzheimer

Déremboursement des médicaments anti-Alzheimer : une décision contestée par les professionnels de santé

Par Chloé Savellon

À partir du 1er août, 4 traitements destinés à retarder les effets de la maladie d'Alzheimer ne seront plus remboursés par l'Assurance Maladie. Cette décision gouvernementale suscite l'inquiétude chez les professionnels de santé. 

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C'est un coup dur pour les patients atteints de la maladie d'Alzheimer. À partir du 1er août, les médicaments visant à lutter contre cette maladie neurodégénérative ne seront plus remboursés par la sécurité sociale, conformément à un arrêté du ministère de la Santé publié vendredi dans Le Journal Officiel.

Cette mesure de déremboursement concerne quatre médicaments et leurs génériques : AEbixa (Lundbeck), Aricept (Eisai), Exelon (Novartis Pharma) et Reminyl (Janssen Cilag), les traitements étaient jusqu'ici pris en charge à hauteur de 15% par l'Assurance Maladie. La ministre de la santé Agnès Buzyn qui juge ces traitements inefficaces et potentiellement nocifs pour les patients justifie sa décision comme "purement médicale".

"Ces médicaments ont été évalués deux fois par la Haute autorité de santé. Par deux fois, des experts ont estimé que ces médicaments étaient plus nocifs que bénéfiques pour les patients, et qu'il fallait ne plus les rembourser", a-t-elle déclaré au micro d'Europe 1 ce vendredi.

Service médical rendu "insuffisant"

Agnès Buzyn a estimé que le service médical rendu de ces médicaments et de leurs génériques était insuffisant, détaillant qu'aucune donnée n’est disponible à moyen ou à long terme, que les effets sur les troubles du comportement, la qualité de vie, le délai d’entrée en institution, la mortalité ne sont pas établis.

La ministre a également ajouté que les données accumulées depuis la commercialisation des médicaments confirment le risque de survenue d’effets indésirables parfois graves (syncopes, réactions cutanées sévères…) et/ou de nature à altérer la qualité de vie des patients (troubles digestifs, cardiovasculaires, neuropsychiatriques…). 

"Triple peine" pour les patients

Du côté des associations de malades d'Alzheimer et des professionnels de santé, cette décision est largement contestée. "Lorsque ces médicaments sont prescrits à bon escient, c’est-à-dire avec un suivi régulier, ils sont utiles", a affirmé à nos confrères de France Info, Olivier de la Doucette, professeur psychiatre et gériatre à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).

"On soumet une triple peine aux malades d'Alzheimer, qui est non seulement d'avoir une maladie terrible, mais en plus on leur dit que le traitement qu'on leur propose est dangereux et inefficace, et pour ceux qui voudraient quand même persister, ils vont devoir payer la note de leur traitement", ajoute-il.

850 000 personnes concernées 

En réponse à ces critiques, la HAS a publié un guide sur un "parcours de soin et d’accompagnement adapté" pour les malades d’Alzheimer. "Ce qui est bénéfique pour les patients, c’est d’abord de répondre à leur souhait de rester à domicile où ils ont tous leurs repères, avec un maintien de relations sociales et amicales. Certes, cela ne permet pas de guérir la maladie, mais cela ralentit l’évolution des troubles cognitifs", avait expliqué le docteur Claude Leicher au journal La Croix en avril 2017.  

Aujourd’hui en France, plus de 850 000 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée. Ce sont majoritairement des personnes âgées de plus de 75 ans, même si on dénombre aussi près de 35 000 personnes atteintes avant l’âge de 65 ans. À ce jour, il n’existe pas de traitement permettant de guérir ces maladies, qui évoluent sur plusieurs années avant de conduire à une perte d’autonomie totale.