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Pratiques à risque

Sexualité : qu'est-ce que le "chemsex" qui multiplie par 5 le risque d’infection au VIH ?

Par Mégane Fleury

Le risque de contamination au VIH est important pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes lorsqu'ils ont recours à cette pratique. La baisse de vigilance liée à la prise de drogues pourrait expliquer en partie ce constat. 

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On appelle le fait de prendre des drogues lors d’un acte sexuel, le  "chemsex", une contradiction des termes anglais "chemical" et "sex". Difficile d’estimer l’ampleur du phénomène, mais une chose est sûre : il s'agit d'une pratique à risque. Une étude menée sur le sujet par des chercheurs britanniques est parue dans la revue HIV Medecine. Les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) et qui ont déjà pratiqué le "chemsex" ont cinq fois plus de risques d’être diagnostiqués positifs au VIH, par rapport aux autres. 

Prise de drogues et rapports sexuels non protégés

Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont recueilli les informations fournies pendant 13 mois par tous les HSH qui se sont rendus dans deux cliniques de santé sexuelle londoniennes. Au total, ils ont pu étudier les cas de 1734 patients, parmi lesquels 16,5% ont déclaré avoir déjà pratiqué le "chemsex". Les drogues les plus utilisées étaient la méphédrone, le GHB, la méthamphétamine cristalline, la cocaïne, la kétamine et d'autres amphétamines.

Les scientifiques ont constaté que le "chemsex" induit des comportements sexuels plus risqués, notamment les rapports sexuels anaux non protégés. Les HSH qui le pratiquent ont 5 fois plus de risque d’être diagnostiqués séropositifs, que ceux qui ne le pratiquent pas. Les risques d’infections sexuellement transmissibles sont aussi plus élevés. "Ce sont les premières données qui montrent clairement l’existence d’un lien entre le diagnostic du sida et le chemsex", explique Dr. Aseel Hegazi, l’un des auteurs de cette étude. 

Une baisse de vigilance

Un rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (Ofdt) donne de plus amples informations sur le "chemsex", en particulier sur les pratiques à risque. Il précise : "Partager ou réutiliser le matériel de consommation constituent des comportements à fort risque de contamination ou de réinsertion qui sont pratiqués plus ou moins fréquemment, ensembles ou séparément, par une partie des HSH dans le cadre du chemsex." Lors de ces actes sexuels, la vigilance des participants diminue souvent à mesure qu’ils consomment les produits, ce qui peut expliquer en partie le recours à des pratiques à risque. 

Une mauvaise perception du risque

Depuis quelques années, les nouvelles générations semblent moins conscientes des risques que représente le sida. Les nouveaux traitements post-exposition et le Truvada, prescrit avant et après un rapport par un médecin en cas de risque élevé, ont modifié la perception du risque chez certaines personnes. Un homme, qui a déjà pratiqué le chemsex, explique dans le rapport de l’Ofdt que "la plupart des gens (…) le font sans préservatif (…) Les gens ont plus peur de ça. Déjà y’a les trithérapies qui marchent super bien et puis y’a le truc du lendemain. T’as le Truvada, t’as peu de chance de l’attraper." Ces traitements sont réservés à des cas précis et doivent être prescrits à l’hôpital lors de consultations spécialisées. Aucun médicament ne permet à ce jour de guérir définitivement de la maladie.

En 2013, 35 millions de personnes dans le monde vivaient avec le sida, plus de 36 millions en sont déjà mortes. En France, selon l’Inserm, 150 000 personnes étaient atteintes du VIH en 2010, parmi elles, 30 000 l’ignoraient.