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Casse-tête

Alzheimer : la maladie s'installe chez les patients beaucoup plus tôt que ce que l'on pensait

Par Mathilde Debry

Les premiers signes de la maladie d’Alzheimer se développent encore plus tôt que ce que l'on pensait, selon une nouvelle étude. 

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Il faudrait traiter la maladie d’Alzheimer encore plus en amont que ce qui se fait actuellement. C’est l’enseignement d’une nouvelle étude publiée dans The Journal of Neuroscience. Les chercheurs Stephanie Leal, William Jagust et leurs collègues ont étudié des hommes et des femmes âgés de 61 à 88 ans sur une période de cinq ans. Tous étaient en bonne santé au début de la recherche.

Plaques amyloïdes

Pour bien comprendre l’enjeu de cette étude, rappelons que la protéine bêta-amyloïde est le composant principal des plaques amyloïdes, un agrégat protéique que l'on retrouve dans les neurones de personnes développant certaines maladies neurodégénératives, dont la maladie d’Alzheimer. Le présence de plaques amyloïdes diminuerait notamment la communication entre les neurones.

Partant de ce postulat, les approches actuelles de détection précoce de la maladie d'Alzheimer reposent sur la classification des individus comme "positifs" ou "négatifs" en fonction de la normalité de ce biomarqueur. Si il est anormal, les dernières thérapies visent à essayer de dissoudre les plaques amyloïdes, sans succès.

Nécessité d'une intervention précoce

Selon la nouvelle étude de Stephanie Leal et William Jagust, une des causes de cet échec serait que la médecine interviendrait encore trop tardivement. Les chercheurs viennent de démontrer que l'accumulation de la protéine bêta-amyloïde commence très lentement, des années avant que les biomarqueurs ne deviennent anormaux. Ces résultats confirment ainsi la nécessité d'une intervention précoce contre la maladie d’Alzheimer, et ce même chez les personnes ayant été classées comme "négatif".

Un test sanguin pour diagnostiquer Alzheimer 15 ans avant ?

Début avril, des chercheurs ont mis au point un nouveau test sanguin qui pourrait permettre de dépister des protéines anormales circulant dans le sang au tout début du processus pathologique et 15 à 20 ans avant le diagnostic habituel. Aujourd’hui, les outils de détection de la maladie d’Alzheimer se limitent à des examens coûteux ou invasifs : la tomographie par émission de positrons (TEP) et la ponction de liquide céphalo-rachidien.

De plus, ils ne permettent qu'un diagnostic déjà assez tardif. La mise au point d’un biomarqueur sanguin peu invasif pour le dépistage des stades précliniques s’avérait donc cruciale. Ce nouveau biomarqueur plasmatique permet l’identification précoce de la maladie d’Alzheimer avec une sensibilité de 71% et une spécifique de 91%. Il pourrait également permettre d’identifier les personnes à risque de développer une maladie d’Alzheimer, de présélectionner les individus devant subir une ponction lombaire ou une analyse par TEP, et d’éliminer les sujets faussement positifs.

Aujourd’hui en France, la maladie d’Alzheimer touche directement ou indirectement 3 millions de personnes, et près de 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. D’ici 2020, si la recherche ne progresse pas, l’Hexagone comptera 1 200 000 personnes malades.