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Première mondiale à Lyon

Une tumeur du rein extraite par le nombril

Par Afsané Sabouhi

Quelques centimètres d’incision dans le nombril permettent désormais d’enlever une tumeur et de reconstruire le rein. Par le nombril, il est aussi possible de retirer des organes entiers comme la vésicule biliaire.

CROUZET/HCL

Il est rentré chez lui avec un simple petit pansement sur le nombril. Pourtant cet homme de 46 ans venait de subir à l’hôpital Edouard Herriot à Lyon une opération consistant à retirer une tumeur dans son rein puis à le reconstruire pour qu’il reste fonctionnel. Ce qui en fait une première mondiale, c’est que tout s’est passé à travers une incision d’à peine 3 cm dans son nombril par chirurgie robot-assistée.

Pour réaliser cette opération, une gaine en plastique est introduite via le nombril et le chirurgien y fait passer une caméra et trois instruments robotisés. Il pilote ensuite ces instruments depuis la console du robot grâce à la caméra qui lui donne une vision 3D de l’intérieur du corps du patient. « Pour suturer par exemple, on a beaucoup plus de précision dans les gestes techniques grâce au robot », souligne le Dr Sébastien Crouzet, l’urologue qui a réalisé cette opération.

Pour le patient, cette nouvelle approche chirurgicale par le nombril présente plusieurs avantages : du fait de sa localisation, la cicatrice est invisible et du fait de sa petite taille, la convalescence est plus rapide. Passer les instruments chirurgicaux à travers le nombril et non pas à travers l’abdomen, comme c’est le cas lors des chirurgies dites laparoscopiques de plus en plus courantes, permet également de réduire les douleurs ressenties par le patient au réveil.

Ecoutez le Dr Sébastien Crouzet, urologue au CHU de Lyon : « Il n’y a pas de muscles abdominaux sous le nombril. Ouvrir à cet endroit est donc moins douloureux ».



Cette chirurgie qu’elle soit robotisée ou non, est donc en plein développement. Via le nombril désormais, on retire des vésicules biliaires en Suisse et aux Etats-Unis. En Italie, on opère des patients dont l’urtère, le canal reliant le rein à la vessie, présente des rétrécissements qu’il faut retirer. « Pourquoi pas dans un futur proche des opérations de la prostate ou de la vessie ? », poursuit Sébastien Crouzet. Les Français ne sont pas en reste sur ces techniques chirurgicales. L’équipe du CHU de Lyon a déjà été en 2010 la première en Europe à extraire par le nombril un rein entier en vue d’une greffe. Elle a depuis adoptée cette technique en routine pour tous les dons de reins entre proches. Et début 2013, c’est une équipe du CHU de Rennes qui a réalisé l’extraction d’un rein entier par le nombril avec le robot chirurgical.

Ecoutez le Dr Sébastien Crouzet : « La peau est élastique. Un rein, qui fait la taille d’un poing, passe facilement par une incision de 3 cm ».



Si l’état général du patient, la taille et la forme de la tumeur permettent la chirurgie, il n’y a aucune contre-indication spécifique à ce type de chirurgie par le nombril. Par rapport à une chirurgie ouverte réalisée par le chirurgien seul, une opération robotisée via le nombril représente un surcoût de l’ordre de 800 à 1000 euros par patient. « Ce n’est pas à la charge du patient, c’est l’hôpital qui doit absorber ce surcoût, notamment en multipliant le nombre d’interventions ». Ce patient lyonnais ne devrait donc pas rester longtemps une exception médicale.