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Santé mentale

Le risque de suicide chez les jeunes est maximal après une première tentative

Par Charlotte Arce

Une nouvelle étude révèle que les jeunes Américains ayant fait une tentative de suicide ont un risque de récidive et de suicide nettement plus élevé que la moyenne dans les mois suivant.

BenGoode/iStock
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Après une tentative délibérée d’automutilation, les adolescents et jeunes adultes sont particulièrement vulnérables aux idées noires, qui peuvent les mener jusqu’au suicide. C’est ce qu’ont constaté des chercheurs du Centre médical Irving de l’Université de Columbia (CUIMC), aux États-Unis.

Dans une nouvelle étude publiée le 19 mars dans la revue en ligne Pediatrics, Mark Olfson, professeur en psychiatrie à l’Université de Columbia et ses collègues expliquent que les jeunes Américains présentaient un risque de suicide nettement plus élevé dans les mois qui suivaient une tentative délibérée d’automutilation.

Ainsi, il est indispensable de suivre cliniquement les jeunes s’étant volontairement mutilé au cours de cette période critique.

Les semaines qui suivent l’épisode d’automutilation sont critiques

« Notre dernière étude montre que le temps est essentiel pour prévenir un accident mortel », assure le Pr Mark Olfson. « Bien que les jeunes adultes aient par rapport aux adolescents un risque plus élevé de suicide au cours de l’année suivant l’épisode d’automutilation, les adolescents présentent un risque particulièrement élevé au cours des premières semaines. »

Une large cohorte américaine

Les chercheurs ont analysé sur une durée d’un an les données de 32 395 patients âgés de 12 à 24 ans ayant fait une tentative d’automutilation. Les données ont ensuite été recoupées avec l’indice national de décès des États-Unis. Les chercheurs ont également examiné de nombreux facteurs de risque, tels que les caractéristiques démographiques, le traitement récent d’un trouble psychiatrique et la méthode d’automutilation utilisée.

Ils ont par la suite comparé les risques d’automutilation et de suicide répétés chez les jeunes, ainsi que leur risque de suicide par rapport à la population générale de jeunes ayant un âge et des caractéristiques démographiques similaires.

Un risque de suicide 46 fois plus important

Les chercheurs ont alors constaté que les adolescents ayant fait une tentative d’automutilation étaient 46 fois plus susceptibles de se suicider dans les douze mois suivant leur tentative. Le risque de suicide est particulièrement élevé (40%) après avoir attenté à eux-mêmes en faisant appel à des méthodes violentes telles que les armes à feu ou la pendaison.

« Pour de nombreuses personnes, jeunes et plus âgées, ce sont les mêmes problèmes qui les ont menées à se faire du mal, comme la dépression, la toxicomanie et les troubles anxieux. Ils les exposent aussi au risque de suicide », constate le Pr Olfson.

Prévenir les risques de suicide, une priorité

Les résultats obtenus au cours de l’étude montrent aussi que certaines catégories de population ayant fait une tentative d’automutilation étaient plus susceptibles de se suicider.

C’est le cas des hommes, qui ont quatre fois plus de risque de mettre fin à leur jour que les femmes. Quant aux Amérindiens, ils sont cinq fois plus nombreux que les Blancs non-hispaniques à se donner la mort. « La baisse de l’utilisation des services de santé mentale chez les hommes et les Amérindiens peut expliquer partiellement les taux de suicide plus élevés chez ces groupes », suggère le Pr Olfson.

Pour ce dernier, la priorité clinique doit absolument être de garantir la sécurité des jeunes après une tentative d’automutilation afin de prévenir tout risque de suicide. Cela inclut le traitement de troubles psychiatriques sous-jacents, la restriction de l'accès à des moyens létaux d'automutilation, le renforcement des relations de soutien et une surveillance étroite des symptômes suicidaires émergents.