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Flore intestinale

Maladies auto-immunes : les racines du mal sont à l'intérieur

Par Dr Philippe Montereau

Une bactérie, qui peut exister dans la flore intestinale, est capable de sortir de l’intestin pour aller activer le système immunitaire dans d’autres organes et déclencher des maladies auto-immunes.

ChrisChrisW/istock

Les maladies auto-immunes sont en augmentation ces dernières années. En cause d'après certains, l'augmentation de l'hyd-giène dans nos société qui serait responsable d'un défaut d'éducation du système immunitaire chez les jeunes enfants.

Des scientifiques proposent une autre piste très sérieuse. Des bactéries trouvées dans l'intestin grêle des souris et des humains prédisposés génétiquement peuvent sortir de l’intestin et déclencher une réponse auto-immune dans d’autres organes. C'est ce qui ressort d'une nouvelle étude publiée dans Science. Le point positif est que la réaction auto-immune pourrait donc être supprimée avec un antibiotique ou, surtout, un vaccin ciblant spécifiquement ces bactéries.

Ces résultats suggèrent de nouvelles approches prometteuses pour le traitement des maladies auto-immunes chroniques, comme le lupus érythémateux disséminé.

Une bactérie du microbiote intestinal

Les bactéries intestinales sont liées à toute une série de maladies, y compris des maladies auto-immunes, maladies caractérisées par une attaque des tissus sains par le système immunitaire.

Pour faire la lumière sur ce phénomène, une équipe de recherche de l’Université de Yale s'est intéressé à Enterococcus gallinarum, une bactérie qu'ils ont découverte et qui est capable de sortir spontanément de l'intestin et d’aller ailleurs dans le corps vers des organes du système immunitaire comme les ganglions lymphatiques, le foie et la rate.

Déclenchement de la production d’anticorps

Les chercheurs ont observé que E. gallinarum est capable d’initier la production d'auto-anticorps et d'inflammation dans des tissus situés à l'extérieur de l'intestin dans des modèles de souris génétiquement prédisposées au lupus.

Ils ont retrouvé le même mécanisme de déclenchement de l'inflammation dans le foie de personnes porteur de cette bactérie et souffrant d'une maladie auto-immune du foie, alors que cette bactérie n’y est pas retrouvée chez les personnes en bonne santé.

Possibilité de supprimer l’inflammation

Dans d'autres expériences, l'équipe de recherche a constaté qu’il était possible de supprimer l'auto-immunité chez la souris avec un antibiotique ou un vaccin ciblant E. gallinarum. Dans les 2 cas, il est possible de supprimer la croissance de la bactérie dans les tissus et de réduire ses effets sur le système immunitaire.

« Le vaccin dirigé contre E. gallinarum est une approche plus spécifique, car la vaccination contre d'autres bactéries que nous avions étudiées n'a pas empêché la mortalité et l'auto-immunité », a expliqué l’un des chercheurs.

Cette vaccination contre la bactérie E. gallinarum pourrait améliorer la vie des patients atteints d'une maladie auto-immune.