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Oncologie

Glioblastome : les promesses d'une immunothérapie d'origine virale

Par Camille Boivigny

Des chercheurs du Centre Cancer de l’Université du Texas aux Etats-Unis ont mis au point un virus du rhume modifié pour tuer des tumeurs cérébrales.

ralwel/Epictura
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Des chercheurs américains ont conçu un adénovirus modifié pour s’attaquer spécifiquement aux glioblastomes récidivant, tumeurs cérébrales les plus fréquentes et les plus mortelles. En temps normal, les malades ne survivent en moyenne que 6 mois. Au cours d’un essai clinique de phase I, 20% des patients traités par cette nouvelle technique ont vu leur espérance de vie augmenter de 3 ans. Les résultats de cet essai clinique ont été publiés le 12 février 2018 dans le Journal of Clinical Oncology.

DNX-2401, virus tueur de glioblastome

En pratique, l’adénovirus modifié, intitulé Delta-24-RGD ou DNX-2401, est injecté une seule fois directement dans les tumeurs de 25 patients dont le glioblastome récidive après chirurgie et autres traitements. Spécifiquement conçu pour infecter les cellules cancéreuses, l’adénovirus se réplique dans celles-ci pour les tuer, tout en se propageant d’une cellule cancéreuse à l’autre. Au terme de l’essai clinique de phase I, trois des cinq survivants à long terme ont eu des réponses complètes durables. 18 patients (72%) ont vu leur tumeur réduire, sachant que la survie globale médiane est de 9,5 mois.

Une réponse immunitaire déclenchée par l’attaque virale

En temps normal, le glioblastome n’est pas détecté par le système immunitaire, les lymphocytes T ne peuvent donc pas pénétrer la tumeur. Le virus modifié injecté profite de l’absence ou de l’altération de la protéine du rétinoblastome au sein des tumeurs, cette dernière protégeant normalement contre l’infection virale. Ainsi, seules les cellules cancéreuses sont infectées. L’infection virale provoque une réponse immunitaire au glioblastome, synonyme de réponse au traitement. Chez les répondeurs complets à long terme, le virus modifié désarme la tumeur contre la réponse immunitaire en créant de multiples cibles antigéniques pour le système immunitaire, puis la tumeur est totalement détruite. Par ailleurs, le système immunitaire élimine le virus en un mois, en revanche la réduction tumorale se poursuit durant un an voire plus chez les répondeurs complets.

La preuve par l’imagerie

L’imagerie des patients traités et l’analyse des tumeurs réséquées confirment ce mécanisme initial destructeur de tumeur ainsi que la réaction immunitaire résultante que les chercheurs estiment être responsable de la réponse à long terme.

Plus précisément, dans trois cas de réponse complète l’imagerie témoigne de l’inflammation et de l’activité immunitaire un mois après le « traitement viral », ainsi que du déclin constant de la taille de la tumeur, jusqu’à ce que 95% de cette dernière disparaissent. L’analyse des tumeurs réséquées permet quant à elle de constater une mort cellulaire étendue ainsi qu’une infiltration par les lymphocytes T.
Trois des patients ont vécu au moins 4,8 ans après le traitement.

L’objectif pour les chercheurs est désormais d’étendre le pourcentage de réponse forte en ajoutant des facteurs au virus afin de stimuler la réponse immunitaire. Plusieurs autres essais cliniques sont en cours, associant le virus à d’autres thérapies, dont le Pembrolizumab.