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Dépendance

Un spray nasal serait efficace contre l’addiction aux jeux

Par Isabelle Delourdes

Des chercheurs finlandais vont tester un spray nasal pour prévenir les risques de dépendance aux jeux, tandis que des chercheurs français ont mis au point un système informatique repérant les personnes à risque.  

Epictura/shawn_hempel

Le spray tout d'abord. Il contient de la naloxone, un des traitements d'urgence des overdoses aux opiacés qui agit en bloquant l'action des opiacés (héroïne, morphine, opium). Cette substance est donnée dans ces circonstances, soit par voie intra-veineuse, soit par spray nasal : en effet le nez est fortement vascularisé ce qui permet la pénétration rapide de la substance dans le sang. Or l'addiction au jeu est une dépendance qui se base sur des mécanismes proches de ceux retrouvés dans les addictions aux opiacés. L'attitude du joueur peut être impulsive et les espoirs des chercheurs est de pouvoir calmer cette impulsion grâce au spray dont l'action est très rapide. L'étude devrait durer 3 mois; elle incluera 130 joueurs, la moitié recevra un placebo, l'autre le produit actif. C'est la première étude de ce genre.

Repérer les joueurs en difficulté

Une autre innovation pourrait aussi réduire significativement le nombre d’addicts aux jeux. Des chercheurs de l'université Paris Sud ont mis au point un système informatique pouvant repérer les joueurs à risque de dépendance. Et tout cela grâce à un algorithme. Comme le détaillent les scientifiques, « les sites de jeux et de paris en ligne diffusent des messages de prévention vis-à-vis des joueurs, mais rien ne les oblige à repérer ceux qui ont ou développent une dépendance en fréquentant le site (…), ils peuvent ainsi continuer à les solliciter commercialement ». Et l’équipe de chercheurs l’assure, les données récoltées par les sites de jeux en ligne pourraient « suffire à repérer les joueurs en difficulté ».

 Un modèle prédictif inédit 

Pour mettre au point ce système, les scientifiques ont rassemblé les données des comptes de chaque joueur et ont créé un outil de dépistage. Le système a été développé en deux étapes : « La première consistait à repérer les joueurs dont la pratique de jeu était considérée comme médicalement problématique, la seconde à établir un algorithme capable de retrouver ces mêmes profils. De plus, 170 063 personnes inscrites sur des sites ont été interrogées. Parmi elles, 18 % présentaient une dépendance probable. Avec cela, nous avons ainsi construit et validé un modèle prédictif, qui permet d’identifier les personnes dont le comportement de jeu est problématique », explique dans un communiqué Amandine Luquiens, qui a piloté ces travaux. Une petite révolution donc, qui pourrait aider à lutter contre la dépendance. 

L’addiction n’est pas corrélée à la somme dépensée 

Les chercheurs ont établi plusieurs facteurs pouvant provoquer une addiction au jeu : avoir moins de 28 ans, déposer une somme d’argent dès l’inscription ou encore participer à plus de 60 parties de jeu par mois. Et étonnamment, « l’addiction n’est pas corrélée à la somme dépensée. D’ailleurs, seul un tiers des personnes ayant un problème de jeu se retrouvent face à des difficultés financières, rappelle Amandine Luquiens. En réalité, c’est surtout l’envahissement temporel du jeu dans le quotidien qui illustre l’addiction, surtout dans le domaine du poker. »