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La mort de France Gall

France Gall un combat de 24 ans contre le cancer du sein

Par Dr Eric Du Perret

Certes son combat s’est achevé par le décès de la chanteuse, mais il faut retenir, pour toutes les femmes qui se battent contre cette maladie, que la rémission a duré plus de 20 ans et que les perspectives de guérison augmentent chaque année dans des proportions très importantes.

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D’abord des chiffres donnés par l’Institut National du Cancer.

Nombre de nouveaux cas estimés de cancer du sein en 2015 : 54 062.

Âge moyen au diagnostic en 2012 : 63 ans.

Près de 80% des cancers du sein se développent après 50 ans.

Nombre de décès par cancer du sein estimés en 2015 : 11 913.

Âge moyen au décès en 2012 : 73 ans.

Survie nette (c'est-à-dire celle qu'on observerait si la seule cause de décès des personnes atteintes de cancer était le cancer) pour les femmes diagnostiquées entre 1989 et 2010 : 85% à 5 ans, 76% à 10 ans.

L’histoire de France Gall, celle de centaines de milliers de femmes

Son mari, l’« amour de sa vie » comme elle aimait le raconter, Michel Berger s’écroule lors de l’été 1992, victime d’un infarctus, lors d’une partie de tennis disputée en plein soleil. Une mort brutale, inattendue, qui provoque chez la chanteuse un choc « physique » qu’elle tiendra responsable du cancer du sein qu’on lui diagnostique l’année suivante.

Que dire du lien cancer du sein et choc émotionnel ? C’est une évidence pour de nombreuses personnes atteintes de cette maladie. C’est donc devenu, pour beaucoup, une certitude… pourtant réfutée par les études épidémiologiques sur le cancer en général : les scientifiques ne retrouvent aucun lien statistique significatif entre décès, divorces ou autres chocs psychologiques. Les médecins qui aiment avoir raison ont une réponse logique : l’apparition des cancers surviendrait à l’âge où l’on subit des décès, des chocs… En résumé après la quarantaine.

Et la médecine met aussi en doute dans le succès de la guérison, la force psychologique et l’envie de guérir face au cancer. C’est donc un dossier qui est loin d’être aussi clair que l’épidémiologie voudrait le faire croire.

L’évolution du cancer

Le diagnostic est fait en 1993. France Gall a 46 ans et elle est prise en charge avec les traitements les plus performants à cette époque. Il faut rappeler que depuis, la recherche a fait des progrès considérables, en particulier avec une meilleure connaissance de la tumeur et de son pronostic , ainsi que la mise à disposition de nombreux nouveaux traitements. Ce qui explique que le chiffre des guérisons s’améliore d’année en année. On estimait en 2016 que 90% des cancers dépistés tôt, c’est-à-dire sans extension, guérissaient  

Les récidives.

Désormais lors du diagnostic d’un cancer du sein, les médecins parlent de maladie chronique pour apprendre aux femmes que leur lutte contre la maladie sera longue et peut-être émaillée de récidives qui ne signent absolument pas la fin du combat.

Les médecins parlent très rarement de guérison. Ils préfèrent parler de rémission. Ce qui signifie que les femmes vivent avec une épée de Damoclès en permanence au-dessus de leur tête. Car ces deux termes n’ont rien à voir. Etre en rémission signifie qu’il n’y a plus de trace de la maladie après le traitement, mais que la menace d’une récidive n’est pas écartée.  Guérir, c’est être débarrassé des récidives pendant une période que l’on estime à 15 ans en ce qui concerne le cancer du sein.

En ce qui concerne France Gall, on a parlé de récidive en 2015 soit 22 ans après le traitement initial de son cancer, mettant à mal cette notion de guérison après 15 ans. A cela deux commentaires. Seuls ses médecins savent si elle a récidivé dans les années précédentes sans qu’elle ait éprouvé le besoin de le faire savoir.  Ensuite elle peut avoir été atteinte d’un autre cancer puisqu’elle est décédée d’une insuffisance respiratoire à l’hôpital américain de Neuilly. Cancer du poumon lié à la radiothérapie qui faisait partie de son traitement du cancer du sein? Métastases pulmonaires d’une récidive de ce cancer du sein ? Infection respiratoire due à son mauvais état général ? Ce ne sont que des hypothèses…

Mais il faut surtout reconnaître et saluer une force de vie inhabituelle qui n’a cessé de l’animer tout au long de ces années de combat.