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Même en laissant les ovaires

Une hystérectomie augmente le risque de maladies cardiovasculaires

Par Dr Philippe Montereau

L’hystérectomie, une chirurgie très fréquente qui vise à retirer l’utérus, est responsable d’une augmentation du risque cardiovasculaire chez les femmes et ceci, même quand elle est associé au respect des ovaires et à leur fonction hormonale. Le risque est encore majoré si l’utérus est retiré avant 35 ans.

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Les chercheurs de la Mayo Clinic montrent dans une étude réalisée sur la cohorte du comté l'Olmsted, qu'ils surveillent avec attention depuis plus de 50 ans, que l'hystérectomie, le retrait de l’utérus, quelle qu’en soit la cause, et même si les ovaires sont conservés, est associée à un risque accru de plusieurs maladies cardiovasculaires et métaboliques. Les résultats sont publiés dans la revue Menopause.

Une augmentation des risques cardiovasculaires

L'étude montre que les femmes qui ont subi une hystérectomie sans retrait ovarien ont un risque augmenté de 14% d'anomalies du cholestérol, de 13% du risque d'hypertension artérielle, de 18% du risque d'obésité et de 33% du risque de maladie coronarienne.
De plus, les femmes de moins de 35 ans ont 4,6 fois plus de risques d'insuffisance cardiaque congestive et 2,5 fois plus de risque de maladie coronarienne.
« L'hystérectomie est la deuxième intervention chirurgicale la plus courante en gynécologie, et la plupart sont réalisées pour des raisons bénignes, car les médecins pensent que cette chirurgie n’a que des inconvénients minimes à long terme », explique le Dr Laughlin-Tommaso. Les ovaires sont préservés lors de l'hystérectomie depuis que des études ont montré l'augmentation du risque de maladies et de décès en cas de suppression, mais on ignorait si l'hystérectomie modifiait ce risque

Un large registre de femmes bien suivies

Les femmes de cette étude ont été identifiées à l'aide du « Rochester Epidemiology Project », une base de données médicale qui comprend les dossiers médicaux complets des patients hospitalisés et ambulatoires de tous les centres de soins médicaux du comté d'Olmsted, au Minnesota.
Les chercheurs ont identifié 2094 femmes résidentes du comté d'Olmsted qui ont eu une hystérectomie avec conservation ovarienne pour maladie bénigne. Chaque femme a été comparée à une femme de même âge, résidant dans le même comté et qui n'avait pas eu d'hystérectomie ou d'ablation des ovaires.

Les meilleures données pour identifier ce risque

« Ce sont les meilleures données à ce jour qui montrent que les femmes qui ont eu une hystérectomie ont un risque de maladie à long terme, même lorsque les ovaires sont conservés », explique Shannon Laughlin-Tommaso, M.D., auteur de l'étude et Mayo Clinic OB-GYN. « Alors que les femmes sont de plus en plus conscientes que l'ablation des ovaires présente des risques pour la santé, cette étude suggère que « l'hystérectomie inter-annexielle », c’est-à-dire sans toucher aux ovaires comporte également des risques, en particulier pour les femmes qui subissent une hystérectomie avant l'âge de 35 ans ».

Une opération très fréquente

L'hystérectomie représente une des interventions chirurgicales les plus pratiquées dans le monde. L’hystérectomie peut être nécessaire pour traiter une hémorragie génitale, un fibrome, une endométriose de l’utérus (adénomyose), un prolapsus (ou descente d’organe), un cancer (15 à 20% des hystérectomies) ou une complication hémorragique grave de l’accouchement.
Chaque année en France, environ 70 000 hystérectomies sont effectuées (Source CNAMTS). Pourtant, la France est un des pays où le taux d’hystérectomie est parmi les plus faible. En Europe, il est de 5 à 15%, aux Etats-Unis, il atteint 36% et en Australie 40%.

« Avec les résultats de cette étude, nous encourageons les médecins à envisager systématiquement les alternatives non chirurgicales pour le traitement des fibromes, de l'endométriose et du prolapsus, qui sont les principales causes de l'hystérectomie ».