ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Sida : halte aux idées reçues

Journée mondiale de lutte contre le sida

Sida : halte aux idées reçues

Par Chloé Savellon

Plusieurs sondages dévoilés à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida montrent que les idées reçues autour du VIH sont encore trop nombreuses. 

AndreyPopov/epictura
MOTS-CLÉS :

Depuis l'identification du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) par Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier en 1983, on estime à 36,7 millions le nombre de séropositifs dans le monde. Chaque jour dans le monde, 3000 personnes meurent du sida. Le nombre d'infections a cependant considérablement baissé au cours de ces dernières années, puisque selon un rapport de l’Onusida publié en juillet dernier, 1,8 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH dans le monde en 2016, soit deux fois moins qu'en 2015 (2,1 millions). Si ce recul s'explique par l'efficacité des traitements antirétroviraux et par des campagnes massives de prévention, de nombreuses idées reçues continuent néanmoins de circuler autour du sida. À l'occasion de la Journée Mondiale de lutte contre le sida qui s'est tenue ce vendredi 01 décembre, on fait le point sur quelques croyances populaires qui ont la vie dure. 

Le sida ne concerne que les homosexuels et les hommes

S'il est vrai que le taux d'incidence du virus du sida est deux fois plus élevé chez les homosexuels que chez les hétérosexuels, la maladie n'épargne pas pour autant ces derniers. Ce n'est pas non plus uniquement une maladie d'hommes, puisque 51% des personnes sont séropositives dans le monde sont des femmes (dont 60% sont originaires d'Afrique subsaharienne).

Le VIH se transmet par la voie de tous nos liquides corporels

Même si en théorie le virus  du sida est présent dans tous les fluides corporels, sa concentration reste cependant trop faible pour se transmettre par la salive, la sueur ou les larmes. En revanche, tout contact avec du sang contaminé, du sperme ou du liquide séminal (fluide secrété pendant une érection) peut entraîner une contamination. En d'autres termes, vous ne courrez pas de danger en échangeant votre salive avec une autre personne lors d'un baiser ou en vous lavant dans des douches communes.

En revanche, les risques sont élevés en cas de rapports sexuels non protégés avec un ou plusieurs partenaires non dépistées, ou lorsque les muqueuses sont infectées par des plaies ouvertes (pendant une fellation par exemple). La technique du "retrait", qui consiste à stopper une pénétration sexuelle avant l'éjaculation ne permet pas non plus de se protéger contre le sida. 

Un rapport sexuel avec une personne séropositive présente des risques 

Selon un sondage réalisé pour l'association Aides par l'institut CSA, dont les résultats ont été révélés mardi par Franceinfo, 87% des Français sondés considèrent que le fait d'avoir un rapport sexuel avec une personne séropositive sous traitement constitue un risque élevé. Or, une personne séropositive "qui prend correctement son traitement et dont la charge virale est dite "indétectable" depuis plus de six mois, ne peut pas transmettre le virus", souligne le rapportSelon l'Organisation mondiale de la santé, 21 millions de décès par le sida dans le monde pourraient être évités (ainsi que 28 millions de nouvelles infections d'ici 2030) si toute personne porteuse du VIH était placée immédiatement sous antirétroviraux.

Il n'est pas nécessaire de se faire dépister si on se protège pendant les rapports 

Selon un sondage du laboratoire Terpan, 7 Français sur 10 estiment ne pas avoir besoin de se dépister puisqu'ils se protègent lors de leurs relations sexuelles. Pourtant, le bulletin de Santé Publique France indique que 25 000 personnes sont porteuses du VIH sans le savoir. "Le Sida concerne tout le monde, toutes les générations, les hétérosexuels, les homosexuels, les hommes, les femmes", rappelle Kamal Yahiaoui, président du laboratoire Terpan, cité par RTL

Il existe un vaccin contre le sida

L'une des raisons pour lesquelles certaines personnes estiment qu'il n'est pas toujours de se faire dépister pourrait être la croyance selon laquelle un vaccin existe pour se prémunir du sida. En effet, selon un sondage Ifop/Fiducial réalisé pour Sud Radio et CNews, 18% des Français pensent qu’il existe un vaccin pour empêcher la transmission du virus du Sida. Ils sont également 70% à déclarer avoir peur de cette maladie. Si la recherche médicale a considérablement avancé en vue d'un vaccin contre le sida, personne n'est encore parvenu à mettre au point un vaccin efficace pour éradiquer la maladie.

De récentes expériences ont cependant abouti à des pistes prometteuses, à l'instar de celle des chercheurs français Christian Rochet et Morgane Bomsel. Les scientifiques travaillent depuis 15 ans sur l'élaboration d'un vaccin permettant de bloquer le virus à la surface des muqueuses, au lieu du sang, comme les vaccins préalablement essayés.

Pour l'heure, ce vaccin a été testé sur des humains, sur des rongeurs et sur des primates. "On a eu 100% d'efficacité pour les tests sur les singes, ce qui était la première fois au monde... Et on a fait ensuite sur les humains en Belgique et là on a eu, 8 fois sur 8, in vitro, c'est-à-dire dans un tube à essai, une neutralisation du virus", a expliqué Christian Rochet au micro de RTL, avant d'ajouter que l'expérimentation en phase 2 devrait démarrer bientôt.