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Contre la mort… la vie

Le mystère de la fécondation

Par Dr Eric Du Perret

Comment, parmi des centaines de millions, un seul spermatozoïdes arrive à ses fins. Voilà le mystère de la vie. Et bien la reconnaissance entre l’œuf de la maman et le spermatozoïde élu tient à deux protéines spécifiques, Izumo et Juno. Leur reconnaissance est la 1ère étape vitale de la fécondation chez tous les mammifères.

Giovanni_Cancemi/epictura

Tout tient dans la magie d’une rencontre. La fusion intime d’un spermatozoïde et son équivalent féminin, l’ovocyte. Petit problème : si la femme offre un seul ovocyte, le mâle, pas avare, met à sa disposition, dans quelques centimètres cube de sperme, 200 à 300 millions de spermatozoïdes, tous candidats au jackpot !

On sait qu’il n’y aura qu’un seul élu, au maximum 2 ou 3 dans les grossesses multiples. Pourquoi ce spermatozoïde en particulier ? Des chercheurs de Cambridge ont publié, dans la revue Nature, l’explication de ce mystère. Il est dû à deux protéines : Izumo et Juno.

On commence par Izumo, qui porte le nom d’un célèbre sanctuaire japonais dédié au mariage. C’est une protéine, découverte en 2005, située dans la membrane des spermatozoïdes. Son rôle est de permettre de fusionner avec la membrane d’un ovocyte.

C’est son pendant féminin qu’ont découvert des chercheurs britanniques. Ils l’ont baptisé Juno, en référence à Junon, déesse des mariages et de la fécondité. En créant une version synthétique d’Izumo, ils ont pu observer que le processus de fécondation débute par l’interaction entre ces deux protéines. Izumo du spermatozoïde et Juno située à la surface de l’ovocyte. Confirmation par l’expérience : les souris femelles conçues sans protéine Juno sont restées infertiles comme les souris mâles dépourvues d’Izumo. 

Donc, sans Izumo et Juno, pas de fécondation…

Pourquoi un seul spermatozoïde victorieux ?

Le mystère n’est pas de savoir pourquoi un seul est l’élu mais plutôt pourquoi les autres ne rentrent pas dans l’ovule ? On a la réponse : les spermatozoïdes tournent autour de l’ovule pour fatiguer sa membrane. Dès que l’un d’entre eux réussit à pénétrer, parce qu’il est autorisé par les protéines Juno qui sont à la surface de l’ovule, celles-ci éteignent leur processus de reconnaissance.

Quelles applications pratiques ?

D’abord, c’est toujours intéressant de comprendre. Mais les chercheurs ont tout de suite pensé au problème d’infertilité féminine. Serait-elle due, en partie, à des défauts de ce récepteur Juno ? Si tel est le cas, un simple dépistage génétique permettrait d’identifier l’origine du problème et d’adapter les traitements en conséquence. Et puis les chercheurs évoquent également une autre piste d’application de leurs travaux : puisque la protéine Izumo est indispensable à la fusion entre spermatozoïde et ovocyte, c’est peut-être la solution à… la mise au point d’une contraception chimique pour l’homme ! La parité absolue…