ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Pilule masculine : des chercheurs français explorent une piste prometteuse

Souris

Pilule masculine : des chercheurs français explorent une piste prometteuse

Par Anne-Laure Lebrun

Une équipe française a découvert qu'en bloquant l'interaction de deux protéines, il serait possible de rendre des souris stériles de façon transitoire. 

phonlamai/epictura
MOTS-CLÉS :

Les plus grandes découvertes de la science sont souvent le fruit du hasard. La contraception masculine pourrait être parmi elles. Des chercheurs français auraient découvert une piste prometteuse pour le développement de la pilule contraceptive pour homme alors qu’ils travaillaient sur la leucémie. Leurs travaux sont parus dans PLOS Genetics.

Au Centre de recherche en cancérologie de Marseille, l’équipe de Michel Aurrand-Lions tente de comprendre pourquoi et comment des cellules sanguines saines deviennent cancéreuses. « Le cœur de nos travaux consiste à comprendre si un défaut d'expression ou de régulation de certaines protéines présentes à la surface des cellules, comme la protéine JAM-C, explique l'évolution de cellules souches du sang vers une forme cancéreuse », a décrit le chercheur.

Or, en étudiant des souris dépourvues de cette protéine, les chercheurs ont constaté que tous les mâles étaient stériles. Des recherches approfondies révèlent que la protéine JAM-C présente à la fois à l’intérieur et à la surface des spermatozoïdes participe à leur maturation. Elle jouerait un rôle indispensable à l’étape de polarisation qui donne l’aspect en têtard, si caractéristique des gamètes mâles. Cette étape est appelée la spermatogenèse.


Empêcher la maturation des spermatozoïdes

Par la suite, les scientifiques ont également découvert que JAM-C interagissait avec une autre protéine appelée GRASP55. « En inhibant l’expression du gène, nous avons de nouveau observé que les mâles étaient stériles », a expliqué le chercheur marseillais.

Ainsi, en bloquant l’interaction entre ces deux protéines, il serait possible d’inhiber la maturation des spermatozoïdes, et rendre stérile une souris, voire des hommes. Selon les recherches des scientifiques marseillais, trois molécules pourraient jouer ce rôle.


Nouvelle piste de recherche

Des études chez la souris ont montré que la graspine permettait de bloquer de façon transitoire la spermatogenèse. « Des molécules plus stables doivent maintenant être développées à partir de ce motif de base », a soulevé Michel Aurrand-Lions.

Un développement auquel ne participera pas son équipe. Cette dernière va poursuivre ses travaux sur la leucémie. « L'inhibition de l'interaction entre JAM-C et GRASP55 pourrait également intervenir dans l’évolution des cellules souches en certaines cellules leucémiques. Nous devons aujourd'hui explorer cette voie », a expliqué le chercheur.