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Monique Iborra, députée de la Haute-Garonne

EHPAD : "plus d’accidents du travail que dans le BTP"

Par Audrey Vaugrente

ENTRETIEN - Confrontés à des sous-effectifs chroniques, les personnel des EHPAD accumulent les charges physiques et psychologiques, selon un rapport parlementaire.

alexraths/epictura

Une rentrée des classes retardée, faute de contrats aidés. Dans plusieurs villes, l’annonce de la suppression de ces dispositifs, censés faciliter l’insertion des bénéficiaires, a bouleversé les préparatifs de dernière minute. A l’autre bout de l’échelle des âges, l’annonce a fait moins de remous.

Mais ce 13 septembre, la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale a tiré la sonnette d’alarme. La fin des contrats aidés pourrait provoquer des retombées dramatiques pour les personnes âgées résidant en EHPAD (1). Cette mesure permet aux établissements de maintenir un équilibre délicat. Celui-ci est menacé, conclut la mission « flash ».

La population française vieillit, ce n’est pas nouveau. Mais au sein des établissements qui accueillent les seniors, ce vieillissement pèse de plus en plus lourd. L’entrée en institution se fait souvent après 85 ans. Conséquence logique de ce délai, ces nouveaux résidents sont moins autonomes. Mais les moyens des EHPAD ne s’adaptent pas à cette dépendance croissante. Au contraire, ceux-ci souffrent d’un sous-effectif chronique.

Monique Iborra, députée de la Haute-Garonne (LREM), a tiré les leçons des entretiens menés tambour battant pendant 4 jours. Les EHPAD français sont confrontés à un double problème, constate la vice-présidente de la Commission des Affaires sociales. Entretien.

Quel est l’état des effectifs en EHPAD ?

Monique Iborra : Le taux d’encadrement, c’est-à-dire le nombre de personnels par rapport aux personnes hébergées, n’a pas évolué depuis plusieurs années. Il est estimé à 0,6 alors qu’un rapport daté de 2007 indiquait qu’il devait être de 1 pour 1. Les médecins coordonnateurs ne sont pas assez nombreux. Un tiers des établissements n’en disposent pas, alors que la loi oblige chaque EHPAD à en avoir un. Là aussi, leur statut est peu clair et il y a un problème d’embauche.

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L'intégralité de l'entretien avec Monique Iborra

 

Comment se traduisent ces difficultés ?

Monique Iborra : D’abord, la charge de travail est très élevée, ce qui entraîne des conséquences physiques. Le nombre d’accidents du travail est supérieur à ceux dans le secteur du BTP. C’est dire… L’absentéisme est lui aussi important, puisqu’il s’élève à 10 %.

Les pressions sont aussi d’ordre psychologique. Je rappelle qu’on est dans un accompagnement de fin de vie. Enfin, il y a des problèmes au niveau du recrutement. Les métiers tels qu’ils sont exercés aujourd’hui ne sont pas attractifs. Par ailleurs, il y a un problème au niveau de la qualification des personnes qui sont recrutées à la place de ceux qui devraient être là.

Que proposez-vous pour améliorer la situation ?

Monique Iborra : Il faut, rapidement, mettre en place au ministère de la Santé un groupe de travail qui concerne particulièrement les aides-soignantes. Il est urgent de revoir leurs possibilités et leurs compétences. Aujourd’hui, elles réalisent des actes qu’elles n’ont pas le droit de faire. Il faut actualiser leurs compétences et surtout revoir leur statut.

Sans revalorisation, on sera confronté à des problèmes de recrutement. Si demain, on augmente le taux d’encadrement de manière ferme, nous n’aurons pas de candidates pour travailler dans ces établissements. C’est donc urgent, tout comme il est urgent qu’il y ait des infirmiers de nuit dans les EHPAD, pour éviter des hospitalisations inutiles.

 

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(1) EHPAD : Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes