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Chez les jeunes

Alcool : l'impact sur le cerveau plus prononcé chez l’homme que chez la femme

Par Suzanne Tellier

Les fonctions cérébrales seraient plus affectées par une consommation d’alcool importante, sur une longue durée, chez l’homme que chez la femme.

pikselstock/epictura

On le sait : la consommation excessive d’alcool provoque des dégâts sur le cerveau. Mais cet effet neurologique ne serait pas le même chez l’homme et chez la femme, selon une étude présentée au congrès de l’European College of Neuropsychopharmacology, qui s’est tenu à Paris.
Les travaux montrent ainsi une altération des fonctions cérébrales chez les jeunes qui boivent de l’alcool depuis au moins dix ans, avec un impact potentiellement plus important chez les hommes. Cette étude suggère que les jeunes, en particulier les jeunes hommes, pourraient avoir plus de risque de développer des troubles à plus long terme en raison de leur consommation d’alcool.

Les travaux ont été menés sur un groupe relativement restreint de personnes, mais démontrent des résultats intéressants – même s’ils doivent être confirmés par d’autres études. Ainsi, 11 jeunes hommes et 16 jeunes femmes qui ont consommé pendant dix ans de l’alcool de manière importante ont été réunis. Leurs données cérébrales ont été comparées à celles de 12 jeunes hommes et 12 jeunes femmes ayant consommé peu d’alcool, ou pas du tout, depuis dix ans. Tous étaient âgés de 23 à 28 ans.

Activité électrique plus importante

Les chercheurs ont évalué la réponse cérébrale des participants face à la stimulation magnétique, qui active des neurones du cerveau. L’activité cérébrale a été mesurée à l’aide d’un électroencéphalogramme. Des études précédentes avaient déjà montré que les personnes ayant eu une consommation d’alcool intense manifestaient une réponse électrique plus importante au niveau du cortex cérébral que les non-consommateurs d’alcool, ce qui suggère des modifications à long terme dans les réponses cérébrales.

Cette fois, les chercheurs ont montré que les jeunes hommes réagissaient différemment que les jeunes femmes. En effet, le cerveau des jeunes hommes manifestait une activité électrique plus importante face à la stimulation magnétique.

« Nous avons observé plus de changements dans l’activité cérébrale des sujets mâles, ce qui est une surprise, ont expliqué les chercheurs. Cela signifie que le fonctionnement électrique est davantage modifié par une consommation importante d’alcool sur une longue durée dans le cerveau de l’homme que chez la femme ».

Récepteurs GABA

L’électroencéphalogramme a montré que le cerveau des hommes avait une activité électrique plus importante associée au neurorécepteur GABA (gamma-amino butyric acid) que chez les femmes. « Il y a deux sortes de récepteurs GABA : A et B. La consommation d’alcool sur une période prolongée affecte la neurotransmission à travers les deux types de récepteurs chez l’homme, alors que chez la femme, seul le GABA-A est affecté ».

Les auteurs doivent encore approfondir la signification précise de ces modifications. Mais ils notent que le neurotransmetteur GABA est fondamental dans l’inhibition de nombreuses fonctions du cerveau et du système nerveux central. Ce neurotransmetteur est notamment impliqué dans l’anxiété et la dépression.

« Nos travaux montrent que l’alcool consommé pendant une période prolongée affecte les jeunes hommes et les jeunes femmes de manière très différente, et nous devons comprendre comment ses différences se manifestent. Il est possible que nous ayons besoin de songer à un renforcement de la régulation de la consommation d’alcool chez les jeunes car aucun de nos participants n’entrait dans les critères des troubles liés à l’alcool ».
« Malgré tout, nous avons pu observer des changements significatifs dans leur fonctionnement cérébral. Cela signifie également que les différences de genres devraient être prises en considération lorsque l’on envisage des traitements pharmacologiques contre l’alcoolisme ».

Binge-drinking : un surrisque de cirrhose

Jeunes qui boivent, foie qui trinque… Un éditorial publié dans la revue Liver International revient sur les risques associés au binge-drinking, notamment chez les jeunes. Les auteurs passent en revue plusieurs études sur l’impact sur le foie des alcoolisations ponctuelles importantes (API).

De fait, la littérature reste à ce jour contradictoire sur les effets hépatiques exacts de ce type de consommation, par rapport à une consommation modérée d'alcool mais plus régulière. Après avoir épluché plusieurs études, les auteurs sont catégoriques : le binge-drinking est associé à un surrisque significatif de développer une maladie sévère du foie liée à l’alcool, comme la cirrhose. Le risque est directement liée à la dose d’alcool ingérée et au nombre d’API déclarées dans l’année. Cet effet est visible chez l’homme et le rongeur.