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Situation de monopole

Pesticides : l'Europe enquête sur la fusion Bayer-Monsanto

Par Marion Guérin

Bruxelles estime que le rachat de Monsanto par Bayer pourrait créer une situation de monopole qui limiterait l’innovation.

Martin Meissner/AP/SIPA

Les autorités européennes ne voient pas d’un bon œil le rachat de Monsanto par Bayer. Le projet de transaction, annoncé en septembre 2016 pour une valeur de 66 milliards de dollars (56 milliards d'euros), fait l’objet d’une « enquête approfondie » de la Commission européenne. Bruxelles craint en effet que cette fusion engendre une distorsion de la concurrence et l’émergence d’un monopole, dans un marché déjà très concentré.

Le projet, s’il voyait le jour, ferait émerger « la plus grande firme intégrée au monde de pesticides et de semences », rappelle la Commission dans un communiqué. Celle-ci estime que la fusion pourrait mener à éliminer la concurrence au sein de plusieurs marchés, ce qui aurait pour conséquence une « hausse des prix, une baisse de la qualité, un choix limité et une innovation freinée ».

Glyphosate 

De fait, les activités de Monsanto et de Bayer entrent directement en concurrence entre elles. Une fusion impliquerait la fin de cette concurrence. Bruxelles émet ainsi plusieurs réserves, notamment sur le glyphosate, herbicide commercialisé sous le nom de Round Up par l’américain Monsanto, dont la ré-autorisation est en débat à la Commission. Il s’agit de l’herbicide le plus vendu en Europe.

Bayer, lui, produit le glufosinate ammonium, l’une des rares alternatives au glyphosate. Les deux groupes risquent d’être les seuls à pouvoir investir dans la découverte de nouvelles substances actives, notamment pour contourner le problème croissant que représente la résistance des semences aux pesticides existants. C’est ce qui inquiète les commissaires européens.

"Sérieux doutes"

« Nous avons besoin d’assurer une concurrence efficace, afin de permettre aux agriculteurs d’avoir accès à des produits innovants, de qualité supérieure et à des prix compétitifs, peut-on lire dans le communiqué. Nous devons aussi nous assurer de maintenir un environnement dans lequel les entreprises peuvent innover et investir dans des produits améliorés ».

Les commissaires ont jusqu'au 8 janvier pour clore l’investigation. Monsanto et Bayer ont d’ores et déjà adressé des engagements à la Commission pour apaiser ses craintes. Mais Bruxelles estime ces engagements « insuffisants pour lever les doutes sérieux quant à la compatibilité de la transaction avec la réglementation européenne sur les fusions ».