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Entre 2 et 4 fois plus de risques

Tabagisme : les ados sont influencés par leurs amis

Par Antoine Costa

Les jeunes de 10 à 19 ans sont plus susceptibles de commencer à fumer si leurs amis fument déjà. C’est vrai en Europe dans  les sociétés asiatiques.

nerissa's ring/Flickr

Un milliard de morts prématurés. C’est le bilan prédictif de l’impact du tabac au 21e siècle, dans le monde. Une hécatombe que les politiques de santé tentent désespérément de freiner. Et s’il est un âge crucial pour lequel l’action est possible, c’est bien l’adolescence : aux États-Unis, 90 % des fumeurs ont pris l’habitude de fumer avant 18 ans.

Pour comprendre les mécanismes amenant aux premières bouffées, des chercheurs de l’université de Pennsylvanie (États-Unis) ont cherché à savoir de quelle manière les adolescents étaient influencés par leurs amis fumeurs.

Et le résultat est inquiétant pour les parents anxieux : les enfants âgés de 10 à 19 ans qui ont des amis accros à la cigarette sont deux fois plus susceptibles de commencer – ou de continuer – à fumer. Et plus ces amis sont proches, plus le risque augmente.

Enfumage collectif

Ce n’est pas la seule information que les chercheurs américains ont extrait de leur méta-analyse, dont les résultats sont publiés dans la revue Psychological bulletin. « L’une de nos découvertes les plus intrigantes réside dans le fait que la culture importe sur la manière dont les adolescents influencent leurs amis », confie Jiayin Liu, docteur en psychologie sociale, et auteure principale de l’étude.

En analysant les données d’études en provenance du monde entier, elle s’est en effet aperçue que les sociétés à tendance collectiviste étaient bien plus touchées par cette pression sociale que les individualistes.

Ainsi, aux États-Unis, en Australie, au Canada, aux Pays-Bas, l’influence des amis multiplie par 1,9 le risque de devenir fumeur. Mais en Chine, en Corée du Sud, en Jordanie ou au Portugal, des pays dans lesquels la vie en communauté est plus développée, il est plus que quadruplé (4,3) !

 

 

Les chercheurs en viennent donc à rejeter les tentatives de campagnes destinées aux jeunes. Il est nécessaire de mieux cibler les populations à risque, et leur étude en fournit une : celle des non-fumeurs avec des amis fumeurs.

« Il ne suffit pas de dire Ne fume pas, c’est mauvais pour toi, souligne Dolores Albarracin, professeur de psychologie à l’université de l’Illinois (États-Unis), qui a participé à l’étude. Comment les adolescents gèrent-ils la tentation au quotidien ? Les campagnes doivent être plus spécifiques, et cibler l’influence normative, par exemple en mettant en valeur le nombre de jeunes qui ne fument pas. Il peut aussi y avoir plus de messages dans les écoles, et la mise en place d’un entraînement aidant les parents à refuser des choses à leurs enfants. »

Car cette période est sans doute celle pendant laquelle les leviers sont les plus efficaces. Il est en effet bien plus facile d’empêcher quelqu’un de commencer à fumer, que de tenter de le faire arrêter.