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QUESTION D'ACTU

Plagiocéphalie positionnelle

Nourrissons : la Haute Autorité de santé se penche sur le syndrome de la «tête plate»

La HAS, saisie par l'association le LIEN, devrait publier en 2018 des documents d'information sur la prévention et la prise en charge de la plagiocéphalie.

Nourrissons : la Haute Autorité de santé se penche sur le syndrome de la \ AChubykin/Epictura




« Il ne serait pas un peu aplati ? » Voilà la question que bien des jeunes parents se sont déjà posée au sujet du crâne de leur nouveau-né. Et encore plus depuis ce printemps. L’association de patients le LIEN, présidée par Béatrice Ceretti, a en effet saisi en avril dernier la Haute Autorité de santé dans le cadre du nouveau dispositif du droit d'alerte. Le LIEN  estime qu'il y un réel problème de santé publique. Les crânes des petits Français seraient plus fréquemment aplatis depuis qu’il est recommandé de les coucher sur le dos. Face à une remise en question de cette recommandation, pourtant suivie à l’international et qui a évité de nombreux cas de mort inattendue du nourrisson, d’autres associations (Naître et Vivre, ANCReMIN notamment) et de nombreux pédiatres étaient montés au créneau.

Lors de sa séance du 28 juin dernier, la HAS a estimé que la saisine du LIEN répondait « aux conditions de recevabilité » ; elle a donc inscrit le sujet à son programme de travail et a fait savoir qu’elle produirait deux documents sur la prévention des risques de plagiocéphalie chez le nourrisson.

 

Peu de travaux en France

La plagiocéphalie est-elle une nouvelle « épidémie » ? Les pédiatres ne nient pas que le nombre de bébés avec une déformation du crâne a augmenté ces dernières années. Pour le LIEN, il semble ne faire aucun doute que cela soit directement lié aux recommandations de couchage sur le dos des nourrissons. « C’est vrai qu’on voit plus de plagiocéphalies depuis lors, mais c’est aussi à ce moment-là qu’a démarré la mode des nacelles et « cosy » en tous genres », fait remarquer pour sa part le Dr François-Marie Caron, pédiatre à la maternité d’Amiens, et président du Réseau périnatal de Picardie. Le médecin souligne surtout qu’ « il n’y a aujourd’hui aucune preuve scientifique pour avérer un lien entre le couchage sur le dos et la plagiocéphalie ».

La HAS relève pour sa part, dans sa décision du 28 juin dernier, « l’absence de travaux français sur le sujet ». Mais de nombreuses études ont été menées à l’étranger, et des recommandations existent déjà dans certains pays, pour la prévention et la prise en charge de la plagiocéphalie.

L’existence de ces travaux a amené la HAS à décider de ne pas produire des recommandations à proprement parler, mais de publier dans les prochains mois une « fiche mémo » destinée aux professionnels de santé et un document d’information destiné au public. « Produire des recommandations est nécessaire quand le sujet est complexe et qu’il n’y a pas de consensus dans les données disponibles, c’est un processus long, 18 mois environ, explique Florence Gaudin, cheffe du service Presse de la HAS. Dans le cas de la plagiocéphalie, les données et recommandations existantes permettent de s’orienter plutôt vers une « fiche mémo » qui pourra être disponible plus rapidement. »

 

Des parents perplexes

Une démarche que le Dr Caron estime utile : « C’est très bien que l’on dispose bientôt d’un document estampillé HAS, cela permettra aux parents d’y voir plus clair ». Le pédiatre s’inquiète de voir des parents « de plus en plus perdus entre les recommandations des médecins et tout ce qu’ils entendent ou lisent par ailleurs, au risque de ne plus coucher leur bébé sur le dos ». Car c’est bien le problème, les autres positionnements parfois suggérés, sur le côté notamment, ne sont pas sécuritaires pour les tout-petits.

François-Marie Caron rappelait dans nos colonnes, en avril dernier, qu’une fois sur le côté, les bébés peuvent se retrouver à plat ventre et qu’ils sont incapables de se retourner avant l’âge de 4 mois au moins. Quant aux « cale-bébé » dont les sites d’articles de puériculture regorgent, le médecin rappelle qu’ils ont été bannis du marché américain, car jugés dangereux par les autorités sanitaires. « On peut faire dormir le bébé une fois à la tête du lit et la fois suivante de l'autre côté, avec un mobile sur le côté pour attirer son attention. En revanche, on dort sur le dos sans oreiller et sans couverture », conseille simplement le pédiatre.

 

Faire bouger les tout-petits

Pédiatres, kinésithérapeutes et ostéopathes se retrouvent au moins sur un point : tout manque de mobilité restreint les mouvements de l’enfant et l’incite à rester dans une position, ce qui peut favoriser la plagiocéphalie. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’un crâne aplati amène à diagnostiquer un torticolis chez le bébé. Des séances de kinésithérapie seront alors utiles.

Même si aucune étude ne prouve l’efficacité de la méthode, de nombreux parents s’en remettent, eux, à l’ostéopathie. « Nous agissons, toujours de manière très douce, pour libérer les tensions sur la colonne et rendre la liberté de mouvement, explique Youri Bertucchi, ostéopathe D.O. à Toulouse. Le kiné va, lui, plutôt aider l’enfant à bouger, à travailler la mobilité de son tronc et de ses membres, nos actions sont complémentaires. Plus les parents consultent tôt, plus la récupération est bonne. »

Le praticien rappelle que lutter contre la plagiocéphalie passe par des actions simples qui augmentent la mobilité du nourrisson en journée : « Un tapis d’éveil peut être utilisé dès la naissance. Et il ne faut pas hésiter à faire jouer les bébés sur le ventre, même s’ils protestent un peu, cela leur permet de travailler leurs appuis ». L’ostéopathe souligne lui aussi l’importance de ne pas abuser de la nacelle pourtant jugée bien pratique par de nombreux parents. « Les bébés y passent parfois beaucoup de temps, or ils n’y sont pas toujours à l’aise. La position qu’ils adoptent est un peu comparable à la nôtre, avachis dans un canapé : cela ne favorise pas la mobilité du tronc ». Durant les premiers mois, il faut donc préférer le portage, en écharpe notamment, qui met le bébé dans une position beaucoup plus physiologique, « et à portée de bisous, c’est important aussi », sourit Youri Bertucchi.

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