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Discorhabdines

Cancer du pancréas : les promesses thétapeutiques des éponges vertes d'Alaska

Par Julie Levallois

Des tests en laboratoire sur une substance contenue dans les éponges vertes du Pacifique nord ont livré des résultats prometteurs.

NOAA Fisheries

A première vue, cette éponge n’a rien d’exceptionnel. Verte, accrochée à son rocher et cachée au fond de l’océan Pacifique nord, Latrunculia austini aurait pu passer inaperçue. Cela aurait été une erreur. D’après une équipe de l’université médicale de Caroline du Sud (Etats-Unis), cet animal aquatique abriterait des composés chimiques aux propriétés anticancéreuses.

L’éponge verte d’Alaska est restée longtemps inconnue de l’espèce humaine. Elle n’a été découverte qu’il y a une dizaine d’années, à l’occasion d’une initiative de l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA). En 2005, son Centre scientifique de la Pêche en Alaska a lancé un travail d’inventaire des eaux environnant l’Etat américain.

Une molécule prometteuse

C’est à l’occasion de ces travaux que Latrunculia austini a été rencontrée pour la première fois. Et les scientifiques n’ont pas tardé à lui prêter une attention toute particulière. Ne pouvant ni fuir, ni se défendre, les éponges marines sécrètent des produits chimiques qui les protègent des prédateurs et des conditions extrêmes.


Et certaines de ces molécules pourraient bien avoir un intérêt pour notre espèce. Une en particulier, qui appartient à la famille des discorhabdines. Les chercheurs universitaires ont constaté que la structure des molécules ne correspond à aucune trouvée sur terre ou dans les environnements marins tropicaux.

En laboratoire, cette forme de discorhabdine a été exposée à des cellules tumorales provenant du pancréas d’un malade. Le produit chimique a alors révélé une activité anti-cancéreuse marquée, allant jusqu’à détruire certaines cellules.

« En moyenne, moins d’1 % des extraits d’éponge auront une activité anticancéreuse comparable à celle observée avec l’éponge verte, souligne Fred Valeriote, qui a réalisé les recherches en laboratoire. C’est une avancée prometteuse, mais préliminaire, dans le développement de nouveaux traitements du cancer du pancréas. »

Une survie très faible

L’homme à l’origine de la découverte de l’éponge verte d’Alaska se montre plus enthousiaste. « On ne penserait pas, en voyant cette éponge, que c’était une éponge miracle ; mais ce pourrait bien être le cas », estime Bob Stone.

Mais de longues années de développement seront nécessaires avant de parvenir à un médicament. Il faudra trouver une formulation de synthèse, plus stable, avant de la tester chez l’animal ou chez l’homme.

La promesse reste enthousiasmante : le cancer du pancréas progresse lentement, ce qui réduit l’efficacité des chimiothérapies. Il est également connu pour son taux de mortalité très élevé. 5 ans après le diagnostic, seuls 9 % des patients sont encore en vie.

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