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Tako-tsubo

Syndrome du cœur brisé : les séquelles ont été sous-estimées

Par Ambre Amias

Après un épisode de tako-tsubo, des séquelles subsistent au moins pendant plusieurs mois. Des cicatrices apparaissent même sur le muscle cardiaque.

Kate Ter Haar/Flickr
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Entre 1 et 2 % des personnes admises à l’hôpital pour une suspicion d’infarctus du myocarde souffrent en réalité de tako-tsubo. Aussi appelé syndrome du cœur brisé, cette affection cardiaque se normalise après un traitement. C’est en tout cas ce que pensaient les médecins jusqu’à présent.

Les personnes ayant souffert d’un épisode de tako-tsubo ont en effet un pronostic vital comparable à ceux de patients souffrant d’une pathologie cardiaque chronique, sans qu’il ne soit possible de l’expliquer. Mais une étude de l’université d’Aberdeen (Écosse) apporte des éléments de réponse.

Effets à long terme

En étudiant 52 patients, d’un âge moyen de 66 ans, victimes de tako-tsubo, les chercheurs ont identifié plusieurs séquelles. Les altérations temporelles de la contraction du cœur qui sont observées lors des épisodes persistent pendant au moins quatre mois, longtemps après le rétablissement du débit sanguin.

Plus inquiétant pour les effets à plus long terme, ils ont aussi détecté la présence de fibroses, c’est-à-dire d’altérations du muscle cardiaque, quatre mois après l’attaque.

« Nous pensions jusqu’à présent que les personnes victimes de tako-tsubo récupéraient complètement, sans intervention médicale, explique le Dr Dana Dawson, l’une des auteurs de l’étude, parue dans le Journal of the american society of echocardiography. Nous avons montré que cette maladie avait en réalité des effets délétères persistants sur le cœur de ces patients. »

Un décès sur 23 cas

Le syndrome du cœur brisé, décrit en 1990, provoque l’affaiblissement de certaines zones du muscle cardiaque. La morphologie du cœur change pour ressembler à une sorte d’amphore, ou à un casier à poulpe – en japonais, tako-tsubo.

 

A gauche le coeur "brisé", avec la forme typique d'amphore (Wikipedia)

 

Il touche en priorité les femmes (environ 90 % des patients), surtout après la ménopause. Comme son nom l’indique, il intervient après un choc émotionnel, la plupart du temps négatif (décès d’un proche, par exemple), mais aussi parfois positif.

Il est mortel dans 3,7 % des cas. À titre de comparaison, les infarctus du myocarde, dont les symptômes sont souvent confondus, conduisent à un décès dans 5,3 % des cas.