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Perturbateurs endocriniens, métaux...

Infertilité : le rôle des polluants du quotidien

Par La rédaction

L'environnement est source de nombreux polluants dont l'impact sur la fertilité est supposé ou avéré. L'effet cocktail pourrait être particulièrement néfaste.

JanPietruszka /Epictura
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Peintures, colles, revêtements, produits phytosanitaires, cosmétiques, contenants en plastique... tous ces produits, et bien d'autres encore, contiennent des substances chimiques qui peuvent être néfastes pour nos cellules reproductrices. Des métaux comme le plomb, des solvants ou encore certains pesticides présentent ainsi une toxicité avérée à forte dose.

Mais certaines de ces substances sont aussi soupçonnées d'avoir un effet, même à de très petites concentrations, sur le système endocrinien, cet ensemble de glandes qui synthétisent les hormones nécessaires au fonctionnement et à la reproduction des organismes. Elles sont alors qualifiées de perturbateurs endocriniens (PE).

C'est le cas de certains polluants atmosphériques, de sous-produits de la chloration de l'eau potable, de retardateurs de flammes bromés utilisés pour ignifuger nombre de matériaux, de composés perfluorés imperméabilisants certains revêtements ou encore de plastifiants comme les phtalates. Néanmoins, si certaines études sur l'animal et chez l'Homme pointent vers des effets de ces substances sur la fertilité, les preuves définitives restent encore limitées.

 

Des anti-douleurs délétères

En revanche, des médicaments considérés comme anodins sont dorénavant soupçonnés d'être des perturbateurs endocriniens. Ainsi les travaux de l'équipe de Bernard Jégou, directeur de l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset) à Rennes, menés sur des cultures de testicule ont montré que les antalgiques comme l'aspirine, le paracétamol ou encore l'ibuprofène altèrent la production de différentes hormones de la reproduction telles que la testostérone.

Ces effets seraient d'autant plus graves lors d'une exposition in utero. « Deux semaines de ces analgésiques aux doses habituelles entre le premier et le deuxième trimestre de grossesse doublent le risque de non-descente du testicule à la naissance », prévient le chercheur. Des résultats qui mettent donc en garde contre l'utilisation de ces médicaments pendant la grossesse.

 


Mais le perturbateur endocrinien le plus médiatique reste le bisphénol A (BPA). De nombreuses expériences chez l'animal montrent d'ailleurs des effets toxiques au niveau de la reproduction. Chez l'Homme, certaines études épidémiologiques tirent aussi la sonnette d’alarme. Pour autant, « dans nos expériences de culture de testicules, on n’observe peu d'effets du BPA sur la testostérone à des doses équivalentes aux expositions humaines », concède Bernard Jégou.

Effet cocktail

Mais la toxicité de ce plastifiant est peut-être potentialisée par la présence d’autres composés aux propriétés analogues comme des médicaments et des produits phytosanitaires. Et, plus ils sont nombreux, plus l'effet du BPA serait important. Ensemble, ces perturbateurs endocriniens seraient donc plus toxiques que pris séparément, phénomène appelé effet « cocktail ». C'est en tout cas ce que suggèrent les derniers travaux de son équipe en cours de publication.

Ces substances semblent donc bien avoir un effet sur le développement intra-utérin. Et un environnement dégradé peut aussi aggraver des troubles de la fertilité déjà présents. Mais, à part lors d'expositions chroniques intenses, ces substances chimiques n'ont probablement qu'un effet marginal sur une personne adulte fertile.

Simon Pierrefixe

Science&Santé, le magazine de l'Inserm