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Empoisonnements en série : le procès de l'aide-soignante s'ouvre

Par Philippe Berrebi

Elle voulait les soulager, pas les tuer. Et pourtant, ce sont bien dix morts que Ludivine Chambet laisse de son sillage. Entre 2012 et 2013, treize pensionnaires âgés de 82 à 95 ans de l’Ehpad du Césalet, près de Chambéry (Savoie) ont été victimes de l’aide-soignante. Trois survivront.
Ce mardi, son procès s’ouvre à la cour d’assises de Savoie pour « empoisonnement de personne vulnérable ». Elle risque la réclusion criminelle à perpétuité.

Ses collègues la décrivent comme une jeune femme « simple, gentille et généreuse », souligne Henri Seckel, journaliste au Monde. Une célibataire de 33 ans, sans histoires, sans enfant et qui procédait de manière méthodique pour commettre l’irréparable.
Elle attendait que ses collègues ne soient plus dans les parages, « parce que sinon, ils auraient trouvé ça suspect », relate le quotidien. Celle que l’on surnomme "l’empoisonneuse" versait alors une demi-pipette d’anxiolytique et de neuroleptique mélangée à de l’eau dans le verre de ses victimes.
Ce sont les analyses toxicologiques et l’historique des plannings des personnels de santé qui conduiront les enquêteurs à interpeller le 10 décembre 2013 Ludivine Chambet. Plusieurs personnes de l’établissement avaient accès à l’armoire qui renfermait les psychotropes, mais l’aide-soignante était systématiquement de service les jours des drames.

L’aide-soignante a reconnu les faits – pour onze des treize victimes – mais affirme qu’elle ne connaissait pas les effets secondaires de ces médicaments. Elle voyait que les patients « n’allaient pas bien ou qu’ils étaient angoissés. Ils ne lui avaient rien demandé, mais elle estimait qu’ils avaient besoin d’être apaisés ».

La justice a jusqu’au 24 mai pour déterminer les circonstances de ces morts en série. « L’historique de son ordinateur a aussi parlé, précise Henri Seckel. Entre avril et novembre 2013, des requêtes sur Internet d’un genre particulier ont été retrouvées : « comment tuer une personne », « empoisonner un homme », « médicament provoquant un arrêt cardiaque », « provoquer un coma », « association Tercian Loxapac Rivotril ».
La mort de sa maman à la suite d’une leucémie en juin 2013 et dont elle était très proche a-t-elle joué dans ces passages à l’acte ? A son retour au travail, ses collègues décrivent un comportement bizarre.

Sa maladie a-t-elle eu une influence sur son comportement ? Ludivine Chambet est née prématurée avec un syndrome de Beckwith-Wiedemann. Une pathologie qui nécessitera plusieurs opérations. Les spécialistes écarteront la maladie mentale mais pas « le trouble psychique ayant pu, de façon au demeurant très modérée, altérer son discernement et le contrôle de ses actes ».