ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Horaires décalés : la perturbation du microbiote induit une prise de poids

Horloge biologique

Horaires décalés : la perturbation du microbiote induit une prise de poids

Par Ambre Amias

Une équipe américaine a montré un lien entre la perturbation du cycle circadien, les bactéries intestinales et la prise de poids.

dmitrimaruta/Epictura

Les horaires décalés et le jet lag agissent sur le métabolisme. Des études ont montré que les dérèglements induits pouvaient favoriser les maladies cardiovasculaires, le diabète, les cancers, mais surtout la prise de poids. Un phénomène dont les mécanismes n’avaient pas encore été clairement identifiés.

Une partie du mystère vient d’être levée par des chercheurs de l’école de médecine de l’université Baylor (États-Unis), qui sont parvenus à établir un lien clair entre le cycle circadien, le microbiote intestinal (l’ensemble des bactéries du système digestif) et les phénomènes métaboliques liés à la prise de poids.

Bouleversement alimentaire

Pour leur étude, ils ont utilisé des souris normales, et d’autres dont un gène impliqué dans l’horloge biologique, Npas2, avait été supprimé uniquement au niveau du foie. Pour perturber leur rythme biologique, au lieu d’une alimentation standard – qui correspond à des stocks illimités de nourriture pendant 12 heures, la nuit –, les rongeurs n’avaient accès à la nourriture que pendant 4 heures, et en journée.

En altérant ainsi leur cycle circadien, ou horloge biologique, les chercheurs ont observé que la modification du gène Npas2 avait suffi à modifier les effets de l’alimentation sur les souris. Face au changement, les deux groupes de souris ont continué à manger en quantités similaires, mais ont subi des altérations physiques différentes : celles qui ne disposaient pas du gène ont perdu moins de poids que les autres.

Toujours le microbiote

En observant leur microbiote intestinal, les chercheurs se sont aperçus d’une différence dans sa composition. « Le manque d’un gène jouant un rôle dans le cycle circadien, uniquement dans le foie, a suffi pour changer non seulement la résistance de ces souris mâles à la perte de poids, mais aussi à modifier leur microbiote intestinal, résume le Dr Kjersti Aagaard, professeur de gynécologie et d’obstétrique à l’université Baylor, auteur de l’étude. C’est la première preuve scientifique d’une interaction complexe entre le cycle circadien, le microbiote et le métabolisme, quand le corps est soumis à un stress alimentaire. »

Depuis plusieurs années, les bactéries intestinales sont particulièrement étudiées, car de nombreuses études ont montré leur importance sur le métabolisme, et notamment sur le prise ou la perte de poids. Une étude avait déjà montré le lien entre jet-lag et prise de poids, sans pour autant en expliquer les mécanismes.

Le Dr Aagaard espère que cette découverte, et celles qui vont suivre, permettront de trouver des voies thérapeutiques pour la régulation pondérale. D’une part, pour aider les personnes qui ont du mal à perdre du poids, mais aussi pour éviter à certaines autres d’en perdre trop, comme les patients sous chimiothérapie.