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Pr Régis Aubry

Moi ministre de la Santé : "La recherche sur la fin de la vie et les soins palliatifs sera aidée"

Par La rédaction

Avant le 1er tour de la présidentielle, 5 personnalités se projettent en tant que ministre de la Santé. Le Pr Régis Aubry apporte sa contribution sur les questions relatives à la fin de vie.

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Dans quelques semaines, le portefeuille de la Santé et des Affaires sociales quittera les mains de Marisol Touraine. Si Emmanuel Macron a d’ores et déjà annoncé qu’il nommerait un médecin au ministère de la Santé, les autres candidats à la présidentielle 2017 n’ont pas encore donné d’indice. Mais qu’il soit professionnel de santé ou issu de l’élite politique, l’heureux élu héritera d’un ministère compliqué à gérer.

Au cours de ces 5 dernières années, le bras de fer n’a jamais cessé entre le ministère de la Santé et les syndicats de médecins, notamment autour du tiers payant généralisé décrié par une large majorité de la profession. Le malaise des soignants a également été l’un des gros dossiers de la ministre.

Le prochain locataire de l’avenue de Duquesne sera aussi attendu sur des questions plus sociales comme l’accès à l’assistance médicale à la procréation (AMP) pour les couples de femmes homosexuelles, l’euthanasie ou encore la légalisation du cannabis. Autant de débats auxquels les associations souhaitent participer et faire entendre leur voix.

Face à ces enjeux, la rédaction de Pourquoidocteur a proposé à différentes personnalités du monde de la santé et associatif de livrer leur programme pour le prochain quinquennat. Le Pr Régis Aubry est chef du service Douleur et soins palliatifs au CHU de Besançon. Il est aussi président de l’Observatoire national de la fin de vie (ONFV).

« La médecine moderne a indéniablement contribué à améliorer la santé des personnes. Mais il existe un fait que les acteurs de santé connaissent et que les décideurs politiques ne devraient pas ignorer : les avancées techniques et scientifiques de la médecine s’accompagnent d’une autre réalité que celle de la guérison des maladies. De plus en plus de personnes peuvent aujourd’hui vivre de plus en plus longtemps avec une ou plusieurs maladies synchrones et chronicisées. Elles ne peuvent pas guérir. Cette chronicité nécessite des soins palliatifs au long cours ; elle confronte les personnes à la souffrance existentielle, et à des difficultés sociales et économiques.

Elle soulève surtout des questions de fond. Celle d’une médecine très technique et scientifique qui doit éviter de générer des situations de survie parfois incompatibles avec le sens de la vie. La réflexion éthique devra être au cœur de la médecine de demain, faite d’une clinique de la vulnérabilité. Il faut donc que les soins palliatifs restent une priorité de santé publique. La formation et de la recherche sont deux leviers à actionner prioritairement. La formation bien pensée permettra d’intégrer les soins palliatifs et l’éthique aux pratiques soignantes. La recherche sur les questions relatives à la fin de la vie et aux soins palliatifs est embryonnaire et doit être aidée..... Mais également, celle du devoir pour notre société d’accompagner les personnes les plus vulnérables: au-delà de la question de la place de la médecine, se pose la question pour notre société des solidarités à mettre en œuvre pour aider les plus vulnérables et leur proches pour faire en sorte que cette part de plus en plus longue de la vie ne soit pas escamotée et ait un sens. C’est l’honneur d’une démocratie que de pouvoir aider les plus fragiles d’entre nous.

Tour cela montre, et il serait essentiel que le législateur l’entende, que les questions relatives à la fin de la vie ne sont pas solubles dans la loi dont le projet de réforme n’apparait pas prioritaire tant que notre pays n’aura pas investi les questions ci-dessus nommées.»