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Selon l'Agence du médicament

Benzodiazépines : les Français en consomment moins

Par Olivier Giacotto

Bien que le niveau de la consommation de benzodiazépines en 2015 soit le plus bas depuis 2000, le nombre de Français en consommant reste trop élevé.

Johny87/epictura

Commercialisées depuis les années 60, les benzodiazépines sont des molécules indiquées dans le traitement de l’anxiété, des troubles sévères du sommeil et de l’épilepsie. Une vingtaine de médicaments de cette classe sont vendus dans l'Hexagone.

Mais compte tenu de l’importance de leur consommation en France, et de certains usages problématiques, elles font, depuis longtemps, l’objet d’une attention particulière de la part des autorités sanitaires. De nombreuses mesures ont ainsi été mises en œuvre pour maîtriser leur consommation.

La France vice-championne d'Europe

Dans ce contexte, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a publié ce mercredi un état des lieux jusqu'en  2015. Bien que les dernières données montrent une baisse de la consommation de benzodiazépines, le nombre d’utilisateurs en France reste toujours trop élevé, conclut-elle.

En 2015, près de 13,4 % de la population française a en effet consommé au moins une fois une benzodiazépine (anxiolytique principalement). La France se situe ainsi au 2ème rang de la prise en Europe, derrière l'Espagne. Mais c’est aussi chez nous que la plus forte diminution est observée entre 2012 et 2015 (10 % contre 5,1% de diminution  globale en Europe).

Les généralistes premiers prescripteurs

Mais même pour cette dernière année, 64,6 millions de boîtes d'anxiolytiques (versus 64,9 en 2010) et 46,1 millions de boîtes d’hypnotiques (versus 48,2 en 2010) ont été vendues en France. Ce sont les femmes qui en consomment le plus. Cette prévalence augmente avec l’âge et est la plus importante chez celles de plus de 80 ans. Mais l’âge médian des nouveaux utilisateurs reste cependant de 49 ans... 

Côté prescripteur, les traitements sont initiés par un médecin généraliste dans environ 82 % des cas. La durée du premier épisode de traitement est inférieure ou égale à 28 jours dans 75 % des cas et inférieure à 12 semaines dans 90 % des cas. Sauf que de 2012 à 2014, 15 % des nouveaux utilisateurs ont eu un premier épisode de traitement d’une durée non conforme avec les recommandations, parmi lesquels environ 2 % de plus d’un an. La preuves que les consignes des Agences continuer de coincer ! 

Des efforts à poursuivre 

Face à ces chiffres jugés globalement encourageants, l'ANSM conclut donc logiquement qu'il demeure « nécessaire de continuer à mobiliser l’ensemble des professionnels de santé et de renforcer l’information des patients sur les risques liés aux benzodiazépines ».

L'Agence souligne cependant de toujours de garder à l’esprit que, bien utilisées, elles sont des médicaments indispensables dans l’arsenal thérapeutique ».

Un profil à risque confirmé

L'ANSM informe, par ailleurs, que les dernières données de pharmacovigilance confirment le profil de risque déjà connu de ces médicaments. Environ 23 % des effets indésirables graves déclarés avec les benzodiazépines sont des affections du système nerveux (somnolence, comas, convulsions voire, plus rarement, amnésies). Pour cette raison, toutes les benzodiazépines sont désormais classées en « niveau trois » de danger depuis le 13 mars 2017, se traduisant par une incompatibilité majeure avec la conduite automobile

Les affections psychiatriques représentent elles 12 % des effets indésirables graves des benzodiazépines anxiolytiques et 17 % des hypnotiques avec majoritairement des états confusionnels. Les risques d’effets indésirables graves sont accrus chez le sujet âgé chez qui les chutes sont fréquemment rapportées.  Enfin, quel que soit l’âge, leur usage expose à un risque d’abus et de dépendance physique et psychique avec un syndrome de sevrage à l’arrêt. Elles sont ainsi les substances les plus impliquées dans la soumission chimique.