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Essais

Paludisme : un vaccin expérimental prometteur

Par Anne-Laure Lebrun

Un vaccin expérimental conçu à partir d'un parasite vivant apporte une protection optimale chez des volontaires sains lors d'un essai de phase 1.

Rick Scavetta, U.S. Army Africa/Flickr
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Un vaccin expérimental contre le paludisme suscite l’espoir. Combiné à un traitement antipaludique, ce vaccin a apporté une protection optimale à 9 volontaires, selon une étude publiée dans Nature.

Ce vaccin, baptisé PfSPZ-CVac, a été développé par la société américaine de biotechnologie Sanaria en partenariat avec l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses. Conçu à partir de Plasmodium falciparum vivant atténué – l’un des parasites les plus dangereux -, ce vaccin semble sûr, bien toléré et efficace. Il pourrait être utilisé lors de grandes campagnes de vaccination, assurent les auteurs.


Efficace à haute dose

Les essais ont été menés par l’université de Tubingen (Allemagne) auprès d’une quarantaine de volontaires en bonne santé et n’ayant jamais été infectés par ce parasite. Les chercheurs les ont divisés en plusieurs groupes de manière aléatoire afin de comparer l’efficacité du vaccin à un placebo, et ce à différents dosages. Tous les participants ont reçu 3 injections à 28 jours d’intervalle. Afin de prévenir tout risque d’infection, les participants ont reçu des antipaludéens, la choloroquine ou de la méfloquine.

Dix semaines après la dernière injection, les volontaires ont été exposés à des Plasmodium falciparum. Les résultats montrent que les 9 personnes ayant reçu 3 injections du vaccin ultra-dosée étaient protégées contre le parasite. Celles ayant reçu les doses les plus faibles étaient aussi immunisées mais dans une moindre mesure.

La dose optimale du vaccin et le calendrier vaccinal seront déterminés lors d’essais de phase 2 conduits très prochainement au Mali, Ghana et Gabon, indiquent les chercheurs. Si cette étude s’avérait concluante, ce vaccin expérimental se présenterait comme une piste thérapeutique sérieuse.


Un projet pilote lancé en 2018

Il n’existe actuellement aucun vaccin contre cette parasitose Le plus avancé, nommé RTS,S/AS01, a obtenu un avis favorable en juillet 2015 de l’Agence européenne des médicaments et devrait être déployé dans le cadre de projet pilote dans 3 pays d’Afrique subsaharienne, une région sévèrement touchée. Les vaccinations devraient démarrer en 2018, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Selon les dernières estimations de l’OMS, 212 millions de nouveaux cas et 429 000 décès dus à cette parasitose ont été signalés. La quasi-totalité de ces malades et morts ont été recensés en Afrique subsaharienne. Des chiffres vertigineux qui ont pourtant diminué au cours des 15 dernières années.
Quelques 6,2 millions de vies ont été sauvées grâce à l’amélioration de l’accès aux traitements antipaludéens. Un succès aujourd’hui compromis par l’apparition des résistances aux médicaments de référence. D’où l’importance de développer des vaccins.