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Association AIDES

Campagne contre le sida : trois plaintes classées sans suite

Par Julian Prial

La campagne d'affichage anti-sida d'Aides avait suscité 3 plaintes pour diffusion d'un message violent ou pornographique. Ces plaintes ont été rejetées par le Procureur.

JanPietruszka/Epictura

A la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida organisée le 1er décembre 2016, l'association AIDES avait lancé une nouvelle campagne, Révélation, destinée au grand public, révélant un fait peu connu. « C’est une information largement validée scientifiquement mais qui peine encore à se frayer un chemin jusqu’au grand public : une personne séropositive sous traitement ne transmet plus le virus », écrivaient avec un brin d'ironie ces militants dans leur dernière campagne nommée « Révélation ».

Les médicaments antirétroviraux sont en effet devenus très efficaces, si bien qu’ils rendent le virus indétectable dans le sang et les fluides corporels des personnes infectées. Les personnes séropositives ne transmettent dès lors plus le VIH, même en cas de relation non protégée. « Une telle information bouscule en profondeur les représentations sur les personnes vivant avec le VIH », espérait AIDES.

Des Lavallois choqués 

Pour faire admettre cette réalité, l'association avait choisi de présenter au grand public quatre visuels en noir et blanc photographiés par Mathieu César. Le message de la campagne Révélation était simple : « Les séropositifs sous traitement ont beaucoup de choses à nous transmettre. Mais pas le virus du sida ». Les visuels qui circulent toujours présentent ainsi un couple (trois hétérosexuels et un homosexuel) reproduisant des scènes sexuelles lors d’une activité sportive ou artistique : parachutisme, plongée sous-marine, danse et piano. L’un-e des deux est séropositif-ve et transmet son savoir, son talent à son-sa partenaire.


Mais ces images ont choqué certains de nos concitoyens. La campagne d'affichage d'AIDES a entraîné début janvier trois plaintes d'habitants de Laval (Mayenne) pour « diffusion d'un message violent ou pornographique contraire à la dignité, accessible à un mineur ». Depuis, la polémique a enflé jusqu'à aujourd'hui, date de la fin de l'affaire. On apprend ce vendredi par France Bleu Mayenne que le parquet a décidé il y a quelques jours de prononcer un classement sans suite. Fous de joie, des militants de l'association n'ont pas hésité à tweeter : « Pour la justice, la campagne d'AIDES n'est ni violente, ni pornographique. Non, elle est juste canon. Bim ».

Jusqu'à 3 ans d'emprisonnement 

Pour rappel, selon l’article 227-24 du Code pénal, ce délit est passible de trois ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amendeSans attendre la décision, des Lavallois avaient décidé de se faire justice eux-mêmes. Les locaux de l'association AIDES ont été tagués récemment, et une vitrine a été détruite par un jet de projectile à Nantes (Loire-Atlantique) dans la nuit du 6 au 7 janvier. Des dégradations pour lesquelles une plainte a aussi été déposée par les membres de l’association.