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Crise sanitaire

Pilules contraceptives : Marisol Touraine, cible des critiques

Par Philippe Berrebi

Alors que l'Agence du médicement n'a pas rendu son verdict sur le médicament Diane 35, la gestion de cette affaire par la ministre de la Santé  est remise en cause. A droite comme à gauche.

CHAMUSSY/SIPA
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En réunissant hier les centres régionaux de pharmacovigilance pour statuer sur le sort de Diane 35, ce médicament contre l’acné prescrit, à tort, comme contraceptif, l’Agence nationale du médicament (Ansm) devait normalement mettre un terme à cette situation. Il y avait deux options possibles : une surveillance renforcée pour éviter les prescriptions hors Amm ou une suspension du médicament. A cette réunion, les partisans des deux camps se sont affrontés, rendant impossible tout verdict. Il sera prononcé sans doute dans la semaine.

Ce nouveau sursis aljoute au sentiment d’improvisation et d’hésitation dans la décision politique qui a prévalu depuis le début de l’affaire des contraceptifs oraux. Du coup les regards se tournent vers le ministre en charge du dossier, Marisol Touraine.
L’Agence sanitaire ne jouant pas sa fonction de pare-feu, la ministre de la Santé est prise à partie et fait l’objet de critiques plus ou moins directes y compris dans ses propres rangs. Avec bien sûr, en première ligne les pourfendeurs des scandales sanitaires. Le Dr Gérard Bapt, député PS, a demandé dès le week-end dernier, la suspension de la pilule Diane 35 en regrettant que « le système dans son ensemble ait été si peu réactif» .

Mais la charge la plus lourde est venue dans la journée du Pr Philipe Even. Regrettant « l’absence » de la ministre (ndlr : en déplacement en Amérique du Sud), le pneumologue l’a accusé de ne pas avoir interdit Diane 35. Malheureusement, a-t-il poursuivi, nous n'avons pas de ministère de la Santé et nous n'en avons pas eu souvent (...). La ministre n'est pas en France et d'ailleurs quand elle y est ça ne change rien". "Quand elle est présente elle est tout aussi absente que quand elle est au Brésil".

Sur un ton beaucoup plus mesuré, mais tout aussi critique, la député UMP des Ardennes, Bérangère Poletti, a adressé une lettre ouverte à Marisol Touraine. « L’heure n’est plus à la réflexion mais à l’action, écrit cette ancienne sage-femme. Les Françaises sont abandonnées à leur sort, les médecins sont laissés seuls face à leurs patientes », poursuit-elle.

Des critiques qui ne se limitent pas à la France. Interrogée par la ministre de la Santé pour statuer sur la nécessité de restreindre la prescription des pilules de nouvelles générations, l’Agence européenne du médicament  a confirmé hier qu’elle allait procéder à leur réévaluation. Mais en précisant qu'il est "bien établi" que les contraceptifs combinés sont associés à un risque "très rare" de thrombo-embolie veineuse. Le risque absolu est "très faible" (entre 20 et 40 cas pour 100.000 femmes par an), a ajouté l’EMA. En clair, rien de nouveau sur le sujet qui agite depuis deux mois la France et inquiète les femmes.