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Deux classes en cause

Grossesse : des antidépresseurs liés à des malformations congénitales

Par Anne-Laure Lebrun

Les enfants exposés aux antidépresseurs lors du premier trimestre de leur grossesse ont un risque plus élevé de développer des malformations cardiaques graves. 

nd3000/epictura

Les femmes enceintes exposées aux antidépresseurs, surtout lors du premier trimestre de grossesse, ont plus de risque de donner naissance à des enfants atteints de malformations congénitales graves ou à des enfants mort-nés que les autres femmes. Cette conclusion d’une étude publiée dans Plos One confirme à nouveau la dangerosité de ces médicaments pour les enfants à naître.

De fait, la littérature scientifique suggère depuis plusieurs années que les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et de la noradrénaline (ISRN), deux classes d’antidépresseurs, favorisent chez les enfants exposés le développement de troubles neurodéveloppementaux (autisme, troubles moteurs et comportementaux) ou des malformations cardiaques graves. Des risques suffisamment importants pour que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) alerte les médecins en mai dernier et lance une étude pour déterminer le nombre de femmes enceintes concernées par ces prescriptions.


Risque modéré mais significatif

Une étude d’autant plus nécessaire au vu de ces nouveaux résultats obtenus par les chercheurs de l’université de Swansea (Royaume-Uni). Pour aboutir à leurs conclusions, ils ont étudié les données de santé de plus de 500 000 femmes ayant accouché aux Pays de Galles, Danemark et Norvège entre 2000 et 2010. Parmi ces participantes, près de 13 000 ont été traitées par ISRS au cours du premier trimestre de leur grossesse et près de 14 000 enfants ont développé des malformations congénitales.

L’analyse des chercheurs révèle ainsi que la prévalence d’anomalies congénitales est plus élevée chez les enfants exposés au ISRS lors des 3 premiers de la grossesse que ceux non exposés à ces molécules (3 % contre 2,6 %). Les scientifiques soulignent que l’augmentation du risque est modérée mais significative. Ils montrent en effet que sur 200 grossesses, 6 sont touchées par des malformations lorsque les antidépresseurs ne sont pas utilisés et 7 s’ils sont prescrits.


Revoir les prescriptions

De ce fait, ils appellent les médecins à revoir la prescription de ces médicaments chez les femmes souffrant de dépression. Ils expliquent que, dans le cas d’une dépression légère ou modérée, ces traitements pourraient être remplacés par la psychothérapie. Cette prescription doit également être réévaluée chez les femmes qui ont un projet de grossesse, ainsi que chez celles qui ont une consommation excessive d’alcool.

« Les femmes ne doivent pas arrêter leur traitement sans consulter leur médecin, et nous de disons pas qu’il faut interrompre tous les traitements, souligne le Pr Sue Jordan, responsable des travaux. Mais notre message aux professionnels de santé est d’être conscient des risques que comportent ces médicaments et qu'ils doivent s’assurer que les femmes reçoivent des soins appropriés avant, pendant et après leur grossesse pour minimiser les risques d’anomalies congénitales et de mort fœtale liés aux ISRS ».